Maison du Souvenir

Journal de campagne d’un officier du Fort de Pontisse en mai 1940.

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Journal de campagne d’un officier

       Grâce à l’amabilité de M. Albert Rocour de Herstal, officier de réserve, nous avons le plaisir de publier un extrait de son journal de campagne (1940).

       Le fort de Pontisse est situé au-dessus de Vivegnis, à la cote 110.


Modèle du Fort de Pontisse.

       Son armement est constitué d’une coupole à deux canons de 105 mm et de quatre coupoles à éclipses équipées d’obusiers de 75 mm, plus les mitrailleuses et les FM défendant les fossés, la poterne d’entrée et la prise d’air.

Vendredi 10 mai

       Un peu après minuit, le chef de poste, le brigadier K. vient nous annoncer le déclenchement de l’alerte réelle… Les choses semblent se préciser. Je vais occuper le bureau de tir souterrain et fais préparer le matériel. Occupation en permanence de la coupole 105 et par moitié des coupoles de 75.

       Vers 4 heures, je remonte aux baraquements et, remarquant le calme, je me dis que ce n’est pas encore pour cette fois-ci. Mais à 5 heures, je reçois l’ordre de tirer sur Eben-Emael. Première preuve tangible et brutale de la guerre. Des parachutistes occupent la superstructure du fort d’Eben-Emael, paraît-il, et je dois essayer de les en déloger. Les données du tir sont vite prêtes mais le service à la coupole ne marche pas : les fusées ne sont pas encore montées sur les obus… Enervement bien compréhensible. A 5 h 15, les premiers coups partent ; le tir est bien réglé. Je le répartis sur tout le fort qui est immense. La coupole 105 tirera ainsi sans s’arrêter jusqu’au samedi soir.

       Vers 8 heures, Eben demande un tir plus précis sur la casemate Visé2, observation : le local est, paraît-il, éventré. Vers 9 heures, il demande un tir sur x,y que le capitaine P. situe de mémoire à 300 et 400 m. au N. de la coupole 120. Vers 14 heures, Eben demande un tir sur toute la surface du fort et spécialement sur la corne nord. Les canons sont presque à bout de souffle (15 km). Vers 16 heures, tirs sur les passages d’eau de l’ennemi à Eijsden. J’essaie un réglage en fusant haut sur le clocher de l’église du village, mais l’observation est très mauvaise. Notre observatoire OP 204 est mieux à même, heureusement, que celui d’Eben de me renseigner sur le tir. C’est l’intelligent maréchal des logis V… qui doit le déclencher lorsque les barques tentent de passer. Nous en culbutons quelques-unes et l’ennemi, découragé, essaie plus haut à la « maison blanche »  d’Eijsden sur laquelle j’effectue un accrochage. Mais vers 18 heures, OP 204 est lui-même bombardé par avions, ce qui empêche l’observation. La coupole ne peut tirer que par intermittence, tantôt avec l’aide de OP 204, tantôt avec celle d’Eben. Mais celui-ci me donne de piètres renseignements.

       Vers 22 heures, nous arrivent de Flémalle 200 obus ogivés. Ce sera notre seul ravitaillement, hélas !

       Profitant d’un moment de répit, je vais respirer l’air à l’extérieur. Le ciel est splendide. Sous les merveilleuses couleurs du coucher de soleil, la nature entière est figée dans un silence impressionnant. Seul, incessamment, le canon tonne dans le lointain. De temps en temps, plus près de moi, les grondements des coups de départ de la 105 se répercutent en de nombreux échos qui vont s’affaiblissant jusqu’à l’infini. Les ruines encore fumantes des baraquements m’enveloppent d’une intense tristesse.

Samedi 11 mai

       Le tir continue sur Eijsden. Je prends un peu de repos dans le transatlantique, à côté du téléphone. Vers 5 heures, le major S. vient installer son PC chez nous.

       Tir sur I 510 pour accrochage. Je l’abandonne pour les ponts de bateaux, au nord d’Eijsden. Quelques pontons sont coulés. Dans la matinée également, j’effectuerai un tir sur la rive gauche de la Meuse où l’ennemi, suivant renseignement de OP 204, érige une tour ( ?). Puis Eben demande un tir sur le moulin, vis-à-vis de l’entrée. Je dois tirer à l’aveuglette : les observations ne viendront que beaucoup plus tard : point moyen, bonne direction, un peu court.

       Vers 8 heures, OP304 me signale des mouvements de troupes dans le triangle Visé-Mouland-Warsage. « Ils se sauvent comme des lapins » me dit V… Ce tir terminé, je prends à partie la gare de Visé où, grâce à V., nous pouvons occasionner quelques dégâts avec de « long retard ». Et le tir reprend sur les passages d’eau d’Eijsden avec observation d’E .E.. A ce moment, nous recevons du bureau de tir la visite du général J… cdt/Aie/III CA[1]. Il nous demande de tenir quelques jours, que les renforts arriveront bientôt.

        A 12 heures, la communication est coupée avec Eben. C’est le dernier soupir de ce formidable fort dont nous avons assisté à la lente agonie.

       Vers 15 heures, tirs de neutralisation sur des fermes du nord de Visé rive gauche. Tirs sur la route et le carrefour d’Hallembaye où l’A/CA nous signale des passages de troupes.

       A ce moment, (il est environ 18 heures) OP 204 est dépassé par l’ennemi et doit se retirer. C’est notre meilleur observatoire qui s’en va.

       PL14 nous communique que les troupes belges passent sur la route de Haccourt abandonnant la rive droite. A 22 h 30, le pont de Haccourt saute.

Pentecôte 12 mai

       Voici minuit, exécution de tirs sur le nœud de routes de Withuis (renseignements venant de Neufchâteau).

       Dans la matinée, une équipe de Mi/CA[2] ramène un équipage anglais dont l’avion a été abattu dans la campagne de Milmort. Ils avaient comme mission de bombarder la route de Tongres-Maastricht. Cap. Tideman, chef d’escadrille Rodney, le pilote, est tué. Ils sont envoyés à Liège après avoir été soignés et ravitaillés. Ils nous laissent un parachute !

       La coupole 105 exécute des tirs sur les carrefours de Riemst et de Bassenge. Sur indications du maréchal des logis M., j’effectue un tir sur ?. M. est content du tir.

       Nous sommes bombardés par du moyen calibre. Un obus explose à 50 centimètres de la fenêtre de la cuisine encore dans le fossé. La cuisine doit être évacuée. Le bombardement durera jusqu’à la nuit et ne provoquera que quelques incendies.

       Dans la soirée, je fais un tour à l’extérieur : le bombardement a été effectué avec du 150 et n’a occasionné que quelques trous dans le béton. Un des porcs de la ferme Thiry que nos hommes ont écorchés dans les fossés pour pourvoir au ravitaillement est affreusement blessé et aveugle, mais il continue à grogner et à se sauver dans tous les sens.

       La grille de la poterne d’entrée a été à demi arrachée par un obus. Le pont roulant est bloqué.

Lundi 13 mai

       Programme ordinaire d’interdiction de nuit sur les carrefours du Limbourg hollandais et sur les nœuds routiers de Wonck-Bassenge-Eben.

       Dans la matinée, PL 14 est attaqué (PL 14 est un abri bétonné sur la route de Haccourt). La coupole 105 exécute des tirs d’appui sur la maison du « stop », sur les vergers en face du « stop » et sur la ferme Lejeune où les Allemands se sont réfugiés. PL 13 est attaqué à revers et est aidé par les quatre coupoles de 75. Le maréchal des logis W. me communique que des officiers semblant diriger l’attaque, se trouvent auprès du « crucifix ». Deux coups de 105, « but » me dit W.


Entrée du Fort de Pontisse.

       Mais ce sera bientôt notre tour d’essuyer l’attaque. C’est la prise d’air qui reçoit le choc. Des balles pénètrent à tout moment par les embrasures. Je suis de près le maréchal des logis M. qui s’y rend en renfort. En passant au coude, on me recommande de me méfier en montant l’escalier car des balles, pénétrant par la grille, y font ricochet. M. tire par l’embrasure de gauche mais il se produit de nombreux enrayages. Je prends moi-même l’arme tout poisseuse et je surveille tout le secteur en lâchant de temps en temps une rafale sur tout point suspect. L’alerte passée, je rentre au bureau de tir. L’ennemi doit avoir subi de nombreuses pertes. Vers 16 heures, la coupole 105 reprend le tir sur une batterie en 5766 (ferme de Crawhez).

       Le fort est de nouveau attaqué. Le sous-lieutenant R. envoyé à la prise d’air, y restera jusqu’au 18 à midi. L’ennemi procède à la mise place de troupes entre CL 38 et le fond de Lavaux. Le fort est bombardé par du moyen calibre. Barchon et Evegnée nous aident à nettoyer les bois environnants. Au cours de l’attaque, je monte à la coupole 105 où, au moyen de la lunette périscopique, j’effectue un tir fusant haut, event 0. Ensuite, concentration des quatre forts : Evegnée, Barchon, Fléron, Flémalle sur la ferme Thiry.

       La nuit vient ralentir l’activité de l’ennemi et des postes de guet sont placés sur le massif.

Mardi 14 mai

       Vers 9 heures, Barchon est attaqué par avions. Nous effectuons un tir fusant haut pour les disperser. La coupole 105 effectuera également un tir sur le fort de Neufchâteau. Les observations de PL 13 et de P.O.C. sont bonnes. Ensuite, tirs sur Bassenge.

       Vers midi, nous sommes nous-mêmes attaqués par stukas. Je grimpe à la coupole 105 et avec l’aide des maréchaux des logis G. et R., de M. et du soldat V., nous procédons à l’évacuation des projectiles de la coupole. Le bombardement est en effet beaucoup plus sérieux (bombes de 500 et 1000 kg).

       Résultats du bombardement : le fossé de gorge est bouleversé, la rampe d’accès n’existe plus. A la coupole du saillant II où je me rends en compagnie du soldat D ?, je remarque des brèches énormes dans le béton et, constatation plus grave, le couteau d’éclipse est écrasé, rendant la coupole inutilisable. Le maréchal des logis O. a été brûlé à la figure, les soldats B. et H. légèrement blessés.

       Le fort subit un nouveau bombardement de ses organes de tir et d’observation au moyen de projectiles de 37. La coupole du saillant est partiellement hors service. On signale le P.O.C. percé. Je décide de m’y rendre, mais on a déjà solidement verrouillé la porte. Je la fais ouvrir et monte me renseigner plus exactement. Un 37 a effectivement pénétré par l’ouverture, occasionnant seulement une main écrasée, celle du maréchal des logis S. Je reste quelques temps au P.O.C. pour profiter de la lumière du jour. De nombreux JV 52 passent très bas, derrière le château d’eau d’Oupeye. En descendant, je vais vérifier le massif qui n’a pas beaucoup souffert, sauf évidemment la coupole du saillant II, mise à nu jusqu’à la racine.

       La coupole 105 effectue un tir à la demande de PL 13 dans toute la partie située entre l’abri et le cimetière de Vivegnis. Egalement sur des troupes ennemies traversant le canal en aval du pont de Hermalle.

       Le fort est attaqué par pots fumigènes et la visibilité devient bientôt nulle.

       Au cours de la nuit, j’effectuerai des tirs avec les trois coupoles de 75 tout autour de Barchon, sur le carrefour d’Oupeye et au virage de la côte, auprès de O 255.

Mercredi 15 mai

       Durant la nuit, on procède au déménagement des munitions de la coupole du saillant II et au bétonnage de la porte.

       Dans la matinée, on est coupé de PL 13. Encore un qui s’en va dont la lente agonie fut poignante à plusieurs moments. Flémalle lui-même est hors circuit.

       Le lieutenant V., en inspection à l’extérieur, trouve un nombre impressionnant de munitions et de matériel ennemis abandonnés dans leur fuite. On trouve un mort horriblement mutilé. On procède à son inhumation en présence d’un délégué de la Croix rouge allemande venu d’Oupeye. On constate également que la coupole du saillant III est mise à nu et que le cordon de contrescarpe est écrasé sur une vingtaine de mètres. Le maréchal des logis I. y pose des mines.

Jeudi 16 mai

       Je procède à l’organisation défensive de la ferme Thiry qui occupera une équipe de 105 sous la conduite des maréchaux des logis H. et M. La ferme est sérieusement endommagée mais occupable. Quatre nids de mitrailleuses aux quatre angles de la ferme plus poste d’observation et téléphone.

       Ce jour, à l’inventaire, il reste 130 projectiles de 105. J’épuise les derniers ogivés sur l’aérodrome d’Ans et le parc régional.

       Tir d’interdiction de nuit, journée calme.

Vendredi 17 mai

       Dans la matinée, Barchon reçoit la visite des stukas. Nous effectuons un tir fusant réglé très haut qui oblige les avions à remonter fortement, ce qui gêne leur travail. Peu après, la liaison téléphonique avec Barchon est coupée. Nous sommes complètement isolés, sauf par TSF. La coupole 105 continue ses tirs d’interdiction sur les « aiguilles » d’Eben. Vers 18 heures, le bombardement du fort avec du gros calibre reprend avec une violence non encore réalisée. La coupole du saillant III est bombardée avec du 88 ainsi que le P.O.C. Celui-ci est de nouveau percé et, scénario habituel, on verrouille solidement la porte d’accès, on coupe le courant. Mais je fais ouvrir et, dans le noir, je monte pour constater les dégâts. L’obus est entré par l’embrase déjà percée qu’il a considérablement agrandie et a provoqué l’incendie des croquis panoramiques.

       Avant cela, j’étais allé visiter l’installation de la ferme Thiry que les hommes avaient pris à cœur de fortifier sérieusement. A peine rentré au fort, nous subissons une attaque de stukas.

       Après ma descente du P.O.C., j’entends qu’il y a eu des dégâts à la coupole du saillant III. Comme je monte, je croise à l’étage intermédiaire le lancier B. qui a été sérieusement atteint. Il a la figure pleine de sang et râle déjà. J’essaie de réconforter son frère qui pleure à côté de lui, mais moi-même, je ne me sens pas très bien. Pour le descendre, on doit utiliser le monte-charge de secours en lui passant une corde sous les aisselles. La manœuvre est très pénible. Il expirera quelques instants après son arrivée à l’infirmerie d’une fracture du crâne et d’une perforation du poumon.

       J’apprends que le soldat H. a aussi été touché mais il est trop périlleux d’aller le chercher pour le moment : les coups continuent à pleuvoir sur la coupole et il doit vraisemblablement être mort.

       A la lunette de la coupole 105, j’avais essayé de repérer les terribles pièces. Une lueur verdâtre fugitive m’indiquait leur emplacement ; il y en avait plusieurs. Ils tirent sur la coupole 105 mais ne parviennent pas à les percer ni à atteindre la lunette. Je redescends au bureau de tir où je précise à J. l’emplacement d’une pièce : il la fait taire mais d’autres continuent à tirer.

       Et sur la terrible vision du saillant III, je m’en vais dormir un peu (ma seule nuit de 7 heures et 25 minutes).

Samedi 18 mai

       Le bombardement a repris dès le matin, avec plus d’intensité encore. On sent la fin. Avec l’aide du maréchal des logis L., je procède à la destruction de la coupole du saillant I. L’opération réussit. Ensuite, nous allons à la coupole 105. Ici aussi, on bombarde sans arrêt et je ne suis pas étonné de me retrouver seul avec le maréchal des logis I. En allant mettre les charges de destruction dans les galets de roulement, je constate que les deux tubes des canons sont sectionnés au ras de la coupole ; quelle précision ! Deux paquets de T.N.T. de 3 kg et un troisième dans le monte-charge donneront le résultat effarant de sortir complètement la coupole et de la coucher sur le massif (190 tonnes !). Dans le puits d’accès, c’est un amas formidable de ferrailles et de caisses que je dois déblayer pour fermer la vanne de ventilation.

       De nouveau, les stukas avec les bombes très puissantes. Avec le capitaine, nous allons constater une grande fissure dans l’escalier central. La prise d’air est sérieusement attaquée. Le sous-lieutenant R. est complètement épuisé ; son équipe est réduite à un seul homme et il demande du renfort. L’adjudant F. prend quelques volontaires et va le remplacer. C’est très courageux… Je me mets en relation par téléphone avec les coffres de flanquement : l’ennemi tire avec des obus de rupture et emploie les terribles lance-flammes. Les coffres saillants II et III me communiquent que la position est intenable (l’ennemi a pris position sur les glacis). Je leur dis de se tenir à l’abri, prêts à entrer en action dès que le bombardement cessera. La poterne d’entrée (maréchal des logis D.) me fait savoir que le cuvelage du F.M. est recouvert par les décombres de la rampe d’accès. Je leur conseille d’employer les grenades. Mêmes communications qu’aux coffres saillants II et III, à la caponnière (brigadiers D. et L.) et au coffre de gorge (brigadier B.). Ceux-ci, très courageux, me signalent que la visibilité est mauvaise dans les fossés. Je leur communique ; tir de fauchage et tir sur la crête du glacis pour le coffre de gorge à l’aide de la tige-repère. La caponnière a son cuvelage démoli. Je donne le renseignement au capitaine qui, vu l’état où se trouve le fort, décide la reddition. Le lieutenant V. va arborer le drapeau blanc et l’adjudant H. se présente comme interprète. Le fort de Barchon continue à tirer sur nous à notre demande par radio. Les derniers moments sont rapides : quelques Allemands, le casque orné de feuillage, viennent occuper le bureau de tir. J. revient terrifié de la prise d’air : étant au téléphone, un lance-flammes a pénétré par l’embrasure de l’abri, l’emplissant de feu et de fumée. Il a le temps de se précipiter au dehors et de refermer la porte sur la terrible explosion de toutes les cartouches. Il était temps ! Nous sortons bientôt. Il est environ 15 heures. Le fort est vraiment infesté d’Allemands. Ils sont très étonnés d’apprendre que nous n’avons eu que deux tués. Avant de partir, nous les enterrons tous les deux dans un verger de la ferme Thiry. La garnison et l’ennemi rendent les honneurs. Sur cette cérémonie émouvante, nous quittons notre cher fort de Pontisse pour être emmenés en captivité.

       En reconnaissance de notre belle résistance, le commandement allemand remit son épée au capitaine.

 

 

 

 

 

 

 



[1] Commandant d’artillerie du 3e Corps d’Armée.

[2] Mitrailleuses contre avions



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