Maison du Souvenir

La guerre des gaz.

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LA GUERRE DES GAZ

Résumé par Monsieur LOUIS DUCHESNE

       A l’antiquité, on se servait volontiers du moyen qui consiste à enfumer l’ennemi. On ajoutait même, à la fumée qui se dégageait du bois brûlant, des matières nauséabondes : goudron, résine, plume ou graisse animale. On utilisait aussi des poisons tels que le soufre et les vapeurs arsenicales.

       En 1914, le génie français se servait déjà des bombes à éther bromacétique. Il adopta une grenade destinée à être lancée par un fusil, copiée sur le modèle en usage à la Préfecture de Police, des projectiles et des pistolets « lance-fusées » chargés de 19 cm3 de ce produit, gaz irritants pour les yeux (lacrymogène). Il fut testé à partir de mars 1913 par la Préfecture de Police de Paris puis utilisé par celle-ci à partir de septembre 1913 pour neutraliser les forcenés et les individus barricadés. (Voir Wikipédia).

LIVRE DE FRANZ CARL ENDRES

            L’article 23 de la convention de La Haye du 18 Octobre 1907.

Article 23.

Outre les prohibitions établies par des conventions spéciales, il est notamment interdit :

Paragraphe  (A). d’employer du poison ou des armes empoisonnées.        Paragraphe            (E). d’employer des armes, des projectiles ou des matières propres à causer des maux superflus.

Etats participants (38) - Etats signataires (15)


       C’était le 22 Avril 1915. Ce jour-là, vers cinq heures du soir, un épais nuage de vapeur lourde, d’un vert-jaunâtre (gaz de chlore), sortit des tranchées allemandes entre Bixchoote et Langemarck (front de Belgique). Poussé par la brise, il arriva sur les lignes de défense tenues par des soldats français et anglais. C’était la première attaque aux gaz.

       Les troupes touchées par la vague de gaz allemands laissèrent sur le terrain 35% de morts, l’instruction du masque contre les gaz fit tomber à 24% les pertes en tués. Le perfectionnement des moyens de protection et l’accroissement de la discipline à observer, en cas d’alerte aux gaz réduisirent finalement les pertes en tués à 6% puis à 2,5%. Ces pourcentages ne prennent en compte que les tués sur le champ de bataille et ne prenne pas en considération les intoxiqués qui mourront dans les jours qui suivent et tous les autres qui souffriront pendant des années.



       C’est la 87e division territoriale Bretagne-Normandie qui subit la plus lourde perte. Après la guerre, les Bretons décidèrent d'élever leur propre monument. Un dolmen et un authentique calvaire breton furent dressés à Boezinge.

       Le Général Mordacq, racontant la première attaque allemande par les gaz a décrit l’épouvantable épisode par ces mots : « Dès les abords du village, le spectacle était plus que lamentable, il était tragique ! Partout, des fuyards territoriaux, tirailleurs, zouaves, artilleurs sans armes, hagards, la capote enlevée ou largement ouverte, la cravate arrachée, courant comme des fous, allant au hasard, demandant de l’eau à grand cris, crachant du sang, quelques-uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer. »

       Très vite, des moyens de protection individuels furent mis à la disposition des armées. A compter de cette date, tous les belligérants ont employé des gaz de combat, de plus en plus nocifs et avec des moyens de dispersement plus modernes. La boite de pandore était ouverte.

       Dans l’ensemble, les belligérants auraient employé au combat de 1915 à 1918 100.500 tonnes de produits suffocants, chlore et phosgène, 12.000 tonnes de produits vésicants, ypérite, 12.500 tonnes d’irritants des yeux et des voies respiratoires, soit au total environ 125.000 tonnes, les gaz toxiques ont fait 5% de morts sur le théâtre des opérations, un nombre faible par comparaison avec ceux des pertes par les armes de toutes sortes (35 millions morts).

       Livre, la protection sanitaire de la population contre les attaques aériennes. Paris 1957.

       On obtient le résultat voulu en combinant des gaz différents. L’un de ces gaz traverse le masque et provoque des éternuements et de la toux. Il engendre une telle difficulté à respirer, que le combattant est contraint d’ôter le masque qui l’étouffe.

       Les premiers masques anti-gaz étaient de simples tampons de gaze à placer sur la bouche et le nez, maintenus en place par quatre cordons de tissu noués derrière la tête. Le tampon était imbibé d’une solution d’hyposulfite, (produit, annihilant les effets du gaz chloré) copiée sur celle utilisée par les Allemands, Ces derniers ont très vite employé d’autres gaz asphyxiants et irritants. Les tampons ont été doublés puis triplés en épaisseur pour contrer les nouveaux gaz. Chaque épaisseur de gaze était tintée de couleurs différentes par rapport aux gaz pouvant être contrés. Des lunettes en cuir huilée, ou en caoutchouc, plus hermétiques furent distribuées aux soldats pour se protéger les gaz irritants.



       Ces masques étaient fabriqués dans des petits ateliers à proximité du front pour réagir au plus vite, où les solutions chimiques étaient composées par du personnel médical faisant partie des compagnies Z. Ces dernières savaient dans ses effectifs, des médecins légistes, des pharmaciens, des chimistes, du personnel pour coudre les tampons et pour fabriquer les solutions chimiques contre les gaz, les imbiber, les faire sécher et les envoyer aux unités de première ligne. Des chercheurs et des médecins ont inventé d’autres protections, telles que des tampons de différents types, avec des lunettes cousues à ceux-ci, des cagoules imprégnées de produit absorbant, munie de lunettes (visière transparente).

       L’évolution des tampons et des lunettes fût le masque M2.



        Complet, protégeant les yeux et les voies respiratoires en même temps, il était aisé de le mettre en place : le menton s’introduisait dans un groin triangulaire en tissu imprégné de produits chimiques contre tous les gaz connus à l’époque et une toile cirée protégeait le groin de la pluie.

Les Allemands adoptèrent au mois de Juin 1917un nouvel appareil en cuir avec une cartouche filtrante, appelée Lederschutzmaske ou modèle 1917.Trouvé sur des prisonniers allemands, les Français et les Belges l’adopteront le 19 Mars 1918, en y faisant une modification importante au niveau de l’expulsion de l’air vicié. Il fut appelé A.R.S, appareil respiratoire spécial, il y avait collé dans le couvercle de la boite de transport, une notice d’utilisation écrite dans les deux langues nationales.






       Après la guerre le model 24 (1924) a été fabriqué pour l’armée. Le masque M24, avec un corps de masque en cuir, la nouveauté c’est que le masque est raccordé à sa boite filtrante par un tuyau souple en cuir cousu sur une âme faite d’un boudin métallique. La boite filtrante d’un gros gabarit, qui a une plus longue durée de vie se place dans une besace en toile, quand il n’était pas utilisé, le tuyau se roule dans un compartiment adjacent à la boite filtrante, le masque se replie au-dessus du tuyau, La besace est suspendue à l’épaule par une bandoulière réglable.

       La première guerre mondiale a marqué très fortement les civils, qui n’étaient plus à l’abri, même en dehors des zones de combats, la guerre moderne était née (les sous-marins, les tanks, les canons à longue portée et surtout les avions), ils pouvaient parcourir des plus longues distances et emmener plus de bombes, d’un poids plus élevé.

       Après la fin des hostilités, le traité de Versailles a interdit à l’Allemagne de reformer son armée, de terre, de mer et de l’air.

       Au début des années 1930 le parti-nazi dirigé par Adolf Hitler lance le réarmement de l’Allemagne, en violation du traité de Versailles. La réorganisation débuta par des d’armes défensives, aux mépris de la S.D.N. (La Société des Nations à Genève).La construction de la ligne Siegfried édifiée en même que Français organisait leur ligne de défense (ligne Maginot, André Maginot Ministre de la Guerre)

En 1929 à 1932. Le peu de protestation la S.D.N.encouragea le parti-nazi à continuer le réarmement de toutes les armes.

       En 1935 les avions de chasses et les bombardiers devenaient une menace pour la Belgique (toujours neutre comme en 1914)



Image de propageant de la ligne Maginot

       En Belgique, le masque Pirelli M29 (1929) avec un corps de masque en cuir, le tuyau souple est en caoutchouc chenillé. D’une conception moderne ce il sera le dernier modèle en cuir.

       Très rare il a été remplacé en 1934 par des couvres faces en caoutchouc plus hermétique et moins cher à fabriquer.



       Tous ces masques ont été livré 10 (vendus) uniquement à l’armée Belge, avant cette date les autorités estimaient que les civiles ne craignaient pas d’être attaqué par les armes chimiques.

       L’arme aérienne à évoluée à grand pas, le Gouvernement Belge.

 

MINISTERE DE LA DEFENSE NATIONALE

ARRETE du 17 juillet 1934           N° 284

LEOPOLD III ROI DES BELGE

A tous présents et avenir, Salut :

       Vu l’article 9 de la loi du 16 février 1934 ;

       Considérant qu’il est nécessaire de réglementer et de contrôler la fabrication, la vente, la distribution, la cession, à titre onéreux ou gratuit, des appareils ou dispositifs de toute nature, destinés à protéger la population contre les dangers d’une agression aérochimique ;

       Sur la proposition de nos Ministres de la Défense Nationale, de l’Intérieur et de la Justice ;

       NOUS AVONS ARRETE ET ARRETONS :

       Article 1er. – La fabrication, la vente, la distribution, la cession, (même gratuite) de chaque type d’appareil ou dispositif de toute nature destiné à protéger la population contre les dangers d’une agression aérochimique ainsi que de leurs éléments constitutifs essentiels sont subordonné à l’autorisation préalable du Ministre de la Défense Nationale :

       Art.2.- La demande d’autorisation doit être accompagnée, pour chaque type d’appareil ou de dispositif :

       1°) du versement, à titre définitif, d’une somme forfaitaire de mille francs pour la rémunération des frais d’étude et d’expérience de l’appareil ou du dispositif ;

       2°) du dépôt du nombre de modèles nécessaires pour juger l’efficacité du matériel et pour définir exactement le type proposé.

       Les modèles ne seront pas restitués.

       Art.3. – Pour pouvoir être vendu, offert en vente, distribué, cédé (même gratuitement) après délivrance de l’autorisation mentionnée à l’article 1, chaque exemplaire d’appareil ou de dispositif indiqué à l’article 1 devra être conforme au modèle déposé et autorisé.

       Chaque exemplaire devra porter d’une manière apparente, le nom ou la marque du fabricant, la mention : « type agréé par le gouvernement », suivie du numéro de l’autorisation.

       Ces indications feront corps avec l’appareil.

       En outre, chaque exemplaire devra avoir été poinçonné par les soins du service compétent, moyennant une redevance fixée par le Ministre de la Défense Nationale.

       A chaque appareil ou dispositif, sera jointe une notice signalant notamment le mode d’emploi, le mode de conservation et le mode de contrôle (dans les deux langues nationale).

       Art.6.- Toute infraction aux dispositions qui précèdent, toute manœuvre ayant pour objet de faire échec au contrôle organisé par le présent arrêté ou d’en entraver l’exercice, sera punie d’un emprisonnement de huit jours à six mois et d’une amende de 26 à 1000 francs.

       Les appareils et dispositifs pourront être confisques.

       Art.7. – L’Etat n’encourt aucune responsabilité envers les acquéreurs des appareils ou dispositifs en raison du contrôle et du poinçonnage dont il est chargé par le présent arrêté.

       Art.8. – Nos Ministres de la Défense Nationale, de l’Intérieur et de la Justice sont chargés, chacun pour ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté dont ils détermineront les modalités d’application.

Donné à Zoute, le 17 juillet 1934.



LE MONITEUR BELGE JOURNAL OFFICIEL.

       Art. 4. Le présent arrêté entrera en vigueur le jour de sa publication.

       Donné à Bruxelles, le 31 juillet 1934.

MINISTERE DE LA DEFENSE NATIONALE, MINISTERE DE LA JUSTICE ET DE MINISTERE DE L’INTERIEUR.

17 juillet 1934.-.Arrêté royal. - fabrication, vente, distribution, cession d’appareils ou dispositifs destinés à la population contre les dangers d’une agression aérochimique.

RAPPORT AU ROI.                                               Sire,

       La population se préoccupe de plus en plus du danger aérochimique.

       Déjà, des industriels et commerçants ont fabriqués et mis dans le commerce des appareils et des dispositifs de protection contre les gaz de combat.

       Certains objets de l’espèce sont nettement insuffisants ; bien peu réalisent les conditions indispensables.

        Il importe d’empêcher les marchands sans scrupules d’offrir aux acheteurs du matériel de protection sans valeur. Le moyen de parer à ce danger consiste à exiger l’examen et l’estampillage du matériel qui serait mis en vente en Belgique. Cette obligation exige dans de nombreux pays ; elle est à la base de la protection antiaérienne.

       Tel est l’objet du présent arrêté.

       Nous avons l’honneur d’être, avec le plus profond respect,                   Sire

       De votre Majesté, les très humbles, très obéissants et très fidèles serviteurs,

Le Ministre de la Défense Nationale,                 A. Devèze.

Le Ministre de la Justice,                                      Fr. Bovesse.

Le Ministre de l’Intérieur,                                      Hubert. Pierlot.



Le plomb de control porte le chiffre 7 d’un côté et le chiffre 9 de l’autre côté. Sur la sangle fixation du masque il y a le chffre 8 39, probablement le mois d’Août 1939.






Texte traduit du texte écrit en néerlandais

CAHIER DES CHARGES GENERALES POUR DISPOSITIF FILTRANTES

       Chaque société qui voulait produire des masques anti-gaz, devaient fournir quinze dispositifs filtrants, ainsi que deux séries complètes des plans établis sur papier toile, seront remis à titre définitif au Commissariat Général de la Protection Aérienne Passive lors de la demande. Le prix de l’expertise de chaque type d’appareil ou dispositif est fixé mille francs. Cette somme doit être versée au compte-chèques postaux n° 55.54 de la ligue de protection anti-aérienne.

       L’estampillage obligatoire de tous les exemplaires des appareils et dispositifs est rémunéré, le coût est fixé à 5 francs par appareil.

       Le cahier des charges prévoit une grande batterie de tests. Résistance du caoutchouc du couvre face, du tuyau chenille. Résistance aux chocs des boites filtrantes. Les essais se faisaient par une pompe aspirante au débit de 1500 litres/heure, (Chaque jour, environ 15 000 litres d'air transitant par nos voies respiratoires et nos poumons), ont testaient l’efficacité au phosgène, à la chloropicrine et aux aérosols. Des tests étaient faits sur la résistance du passage de l’air dans les filtres, trop peu de matières filtrantes, il n’aurait servi à rien, trop de matières filtrantes auraient freiné le passage de l’air, par la résistance de l’air le diaphragme en peut se contracter et renouveler l’air dans les poumons. Cela, par manque oxygène dans le sang et au cerveau amènera à un évanouissement suivi d’une syncope.

       D’une manière générale, on appelle cartouche un récipient de faible encombrement, de forme cylindro-conique et d’un poids ne dépassant pas 600 à 700 grammes, tous les autres récipients sont dénommés bidons (qu’ils soient cylindriques ou de formes plus ou moins aplaties).



Bidon filtreur poids moyen 1, 250 kg

       La durée d’efficacité des bidons est pratiquement illimitée, quand ils sont bien soignés (bon entretien).Toutefois, après six mois de mise en service ou après un port très prolongé en atmosphère très concentrée, il y à faire vérifier l’efficacité des bidons.

       Les récipients filtrants sont divisés en deux parties :dans la partie supérieure (côté du raccord mâle fileté) se trouvent, immobilisés, par des toiles métalliques perforées, des matières destinées, plus particulièrement à absorber (ou à neutraliser) les gaz de combat sous forme gazeuse ; dans la partie inférieure est logé à demeure un système de filtration destiné plus particulièrement à arrêter les gaz de combat sous forme nébuleuse ou solide ;ce système est dénommé : dispositif contre arsines.

       La partie supérieure est remplie charbon végétal actif, préparé à partir de coque de noix de coco, subit une préparation après sa carbonisation. Sa porosité est ainsi augmentée, lui conférant un puissant pouvoir d’adsorption.

       Ces récipients filtrants ne protègent pas contre l’oxyde de carbone (monoxyde de carbone, CO, et le dioxyde de carbone, CO2).

       Il importe de signaler que pendant la guerre de 1914 à 1918, les intoxications ont été provoquées dans la majorité des cas non par épuisement des récipients filtrants mais pas une mise en place défectueuse du masque (défaut d’instruction), par mise hors d’usage par l’homme de son appareil à la suite de démontage non autorisé (sous prétexte de l’améliorer), par la mise en place tardive du masque (facteur surprise), par la perte par l’homme de son appareil ou encore par esprit de crânerie (en pas mettre le masque sous prétexte que les gaz ne sont pas dangereux). Le sort de ces hommes n’a pas varié : la mort.

       Deux orifices (entrée et sortie d’air) de la boite filtrante sont fermé hermétiquement par deux bouchons, sur le dessus viens se visser un bouchon en aluminium muni d’un joint, en dessous, le trou d’entrée d’air est fermé par un chapeau en caoutchouc, attaché par une ficelle à l’embase. Certains bidons ont deux trous d’entrée d’air, selon le fabriquant.

       Le dispositif de raccordement de toutes les boites filtrantes pour les militaires et pour les civiles Belge sera conforme au culot d’une lampe type « EDISON », c’est à dire que le filet des filtres à viser, a le même filet qu’une ampoule électrique E 27.

       En Hollande le raccordement des dispositifs filtrants a un diamètre de 40 mm et du même filet qu’une ampoule électrique E 40. Les Français et les Allemands ont opté pour un diamètre de 42 mm, un grand orifice permet à l’air de passer aisément. La différence de diamètre n’autorisait pas de récupérer des boites filtrantes chez l’ennemi.



       Appareil respirateur filtrant modèle 34 (1934), le couvre face en caoutchouc est fabriqué en trois tailles indiqués en chiffres romain de 10 mm de hauteur,

I       correspond à la petite taille,

II      correspond à la taille moyenne,

III     correspond à la grande taille,

       Le modèle 34 a été fourni principalement à l’amée.

       Le couvre face est maintenu sur la figure à l’aide de six rubans règlables, par des attaches enmétaliquescousues sur une plaque d’appui. Ces rubans doivent avoir été règlé antérieurement à la taille deson propriétaire.



       En position d’attente le masque est supendu au cou par une banderolle. Il peut être attaché à un bouton par une boutonnière, cousue sur une des brides.

       Les oculaires sont en verres triplex, ils sont séparés par des films intercalaires de nature plastique, soudé à chaud entre eux. Les premiers masques avaient des verres en cellophane ou des pellicules de film (Acétate de cellulose), ces verres perdent leur transparence en vieillissent

       L’embase en aluminium supporte la soupape d’inspiration et la soupape d’expiration, en forme de fer de lance tronquée en caoutchouc, elle est fixée à l’extérieur de l’embase et protégée par un protège soupape métallique.

       Le tuyau chenille est en caoutchouc, il mesure environ 65 cm de long.



       La besace reçoit dans le fond la boite filtrante qui y reste à demeure. Le tuyau chenille s’enroule sur lui-même au-dessus de la boite, ou à côté de celle-ci selon le type de besace. Le couvre face se place au-dessus du tuyau.

       L’appareil, quand il n’est pas en usage, est toujours conservé dans la besace, complètement monté. Le chapeau doit être replacé sur le trou d’entrée d’air.

       Il y a plusieurs types de besaces, des besaces de forme tronconique, en toile renforcée principalement livré à l’armée.

       Des besaces de forme parallélépipédique, en forte toile, il y a deux compartiments séparés par une toile, le bidon reste à demeure dans son logement,le tuyau chenille se range roulé dans le fond, le masque se place au-dessus.



       Plus rare, il y a aussi des besaces de même forme, mais avec un renflement dans le dessous de la besace, il servait à y placer deux tuyaux chenilles, raccordé l’un à l’autre. Elles étaient prévues pour les artilleurs, les médecins, les brancardiers et le corps de police, etc., qui devaient rester libre de leur mouvement devant eux.



       Un trou (ou deux tous selon le type de bidon) dans la face inférieure de la besace, laisse passer le bouchon d’entrée d’air de la boite filtrante. Les trous sont renforcés par des pièces en cuirs, cousues à l’intérieur et à l’extérieur. Les bouchons sont attachés à la besace par une ficelle, elle permet en tirant d’un coup sec dessus de déboucher les entrées d’air. Dans les besaces de formes tronconiques, le filtre à une entrée d’air plus large (65MM), muni d’un capuchon clipsé et attaché par une ficelle fixée à la besace.



       Une petite pochette est cousue à l’intérieur de la besace, pour contenir deux disques anti buée en cellophane, à placer contre les verres à l’intérieur du masque, maintenu en place par des ergots en caoutchoucs ou par des clips métalliques.



       Pour contrer l’inconvénient de la buée quand les disques étaient hors d’état de servir (sales ou cassés),il existait des petites boites contenant un morceau de tissu imbibé d’un produit anti buée, que l’on frottait sur les oculaires à l’intérieur du masque, il y avait aussi des petits tubes remplis d’une patte anti buée qu’il fallait étendre avec le doigt sur les oculaires avant la mise en place du masque. Par manque de ces produits, le savon pour les mains peut servir de substitution. Bien sûr la vision était un peu floutée.

       Dans le masque M 24, l’aspiration de l’air remontait de la soupape, par deux tuyaux courbés jusqu’aux oculaires, l’air frais séchait les oculaires. Pourquoi ne pas avoir repris le même système. Qui est toujours en application sur les masques à gaz moderne.

       La besace de forme tronconique, peut être portée :







       Pour les troupes qui se déplaçaient à vélos, les besaces ont été modifiées, un crochet maintenu pas trois rivets renforcé par une patte en cuir à l’intérieur, est fixé à l’arrière sur la partie supérieur de la besace, il permettait d’accrocher la besace sur le côté du porte bagage du vélo, des sangles le maintenait en place, pour contrer l’usure par le frottement, deux sangles en web ont été cousues sur le pourtour de la besace, un à hauteur du bidon, l‘autre sur la couture du bas.

               Entretien après usage.

       1) Nettoyer les viseurs.

       2) Essuyer l’intérieur du couvre face avec un chiffon ou avec un linge humide, laisser sécher.

       3) Si l’appareil a été sali (boue, terre) laisser sécher avant d’enlever complètement.

       4) Tenir l’appareil à l’abri de l’humidité.

A Bruxelles, le 15 Janvier 1935

LE MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE

P.O.

Le Major IFM LEURQUIN.

Chef du S.P.G.

       Si le porteur à subi une attaque aux gaz, faire comme si dessus, plus faire sécher la boite filtrante au soleil et dans le vent ou près d’un chauffage dans un local aéré, pendant plusieurs heures, puis remonter l’ensemble et replacer le tout dans sa besace. Le masque doit toujours être prêt à l’emploi en cas d’alerte aux gaz.

       Marque des fabricants :

PIRELLI         société Belge PIRELLI, 55, Quai au bois à bruler à Bruxelles

SACIC           société anonyme pour le commerce et l’industrie du caoutchouc   fabrique à Bruxelles, 55, Quai au bois à bruler

AG                  ou anti-gaz Soc. An, 55, Quai au bois à bruler à Bruxelles. (Présenté par la maison « PIRELLI »)

BB                  BERGOUGNAN      usines et bureaux à Evergem-Rabot (Gand). Le caoutchouc est de très mauvaise qualité, quand on en retrouve ils sont déchirés à la pliure du masque dans leur boite de rangement.

La défense passive et la défense active

       Dans le cadre de la Défense Passive qui comprend essentiellement des mesures de protection en cas de bombardement, les civils de tous les âges, qui sont devenus l’une des cibles principales de la guerre, doivent impérativement avoir à portée de main un masque à gaz.

       Tous les masques anti gaz, de toutes les marques vendues en Belgique, ont été expertisé par le laboratoire du service de protection contre les gaz et satisfait aux essais prescrits aux articles 2-a, b, c, e, 3 et 7 du cahier des charges générales pour les appareils destinés à la population civile passive.



Masque anti gaz type : L.702

       Type défense passive, fabriqué en très grand nombre, par la SOCIETE BELGE DE L’AZOTE ET DES PRODUITS CHIMIQUES DU MARLY RENORY-OUGREE, de bonne qualité, d’un emploi et d’un entretien aisé. Le couvre face est en caoutchouc moulé portant les oculaires avec disques anti buée, ainsi qu’un boitier à soupape et un serre tête également en caoutchouc moulé.



       L’estampillage obligatoire est tamponné sur l’extérieur du couvre face et porte la mention : type agréé par le gouvernement sous le numéro N° 158. De l’autre côté un cartouche reprend le modèle L.702 plus la taille, le numéro 514 est probablement le numéro du lot.



       Le boitier à soupape est en bakélite, formé de deux parties qui se vissent l’un dans l’autre, une fine membrane en caoutchouc sert de soupape d’aspiration et d’expiration. Le boitier porte le raccord fileté pour recevoir soit le filtre petit modèle (type passif) soit le tube flexible à l’extrémité duquel est vissé à son tour le filtre de grand modèle (type actif).



Cartouche poids : 400 à 600 gr.

       Le couvre face est livré en quatre taille, suivant la distance de la racine du nez (entre les sourcils) à la pointe du menton. Taille 0 (très petite) : moins de 11 cm ; taille 1 (petite) : moins de 13 cm ; taille 2 (moyenne) : de 13 à 15 cm ; taille 3 (grande) : plus de 15 cm. Pour contrôler l’application bien étanche du masque, obturer avec la main l’ouverture du boîtier et s’assurer, par un effort d’aspiration modéré, que l’air ne rentre en aucun point du pourtour du couvre-face.



       Le masque complet est logé : a) dans un étui métallique en fer blanc de couleur gris bleu (hauteur 31cm x 12 cm) ou une petite besace de forme tronconique en toile léger pour la population civile passive, il n’est pas protégé des accidents qui pourraient l’endommager : b) dans une besace pour les équipes actives, en forte toile.



       Remarque : cet appareil ne peut être utilisé que contre les toxiques employés en temps de guerre. Il ne confère aucune protection contre le gaz d’éclairage et il serait dangereux de les employer contre les gaz industriels. (Texte copié de la notice du mode d’emploi).

       Les cartouches et les bidons du masque S.B.A., même marque le L 702, (société belge de l’azote et des produits chimiques du Marly Renory-Ougrée), ont fourni des filtres spéciaux, assurant une protection renforcée contre les gaz indiqué ci-après, les boitiers filtrants ont un code couleur selon leur emploi.



Bidon filtreur poids moyen : 1,250 kg

Filtres pour la protection de la population civile

Protègent contre tous les gaz connus pouvant être employé en temps de guerre.



Filtres spéciaux

       Protègent également contre les gaz signalés ci-dessus, mais dans une moindre mesure que les cartouches normales A et B




       Je ne reprends qu’une petite partie de ce que les filtres peuvent contrer. Les bidons A ont une protection complète pour 20 toxiques, Les bidons B ont une protection complète pour 16 toxiques.



       L’emploi de ces filtres n’est indiqué que si l’atmosphère contient l’oxygène nécessaire à la respiration. Normalement 21%, 17% est le taux minimum pour survivre, symptômes : essoufflement, maux de tête, risque d’avoir une syncope, et avoir un d’accident grave) une bougie s’éteint dès que la quantité d’oxygène tombe en dessous de 16.2%.

       Toutes les cartouches énumérées ci-dessus n’offrent qu’une protection partielle contre l’oxyde de carbone.



      Ce code couleur est toujours le même maintenant.

       Masque livré aux pompiers et aux membres de la protection civile, qui peut secourir des blessés près des incendies.

       Le masque à gaz L.702, de très bonne conception il a été vendu à plusieurs pays : A la Hollande, La partie inférieur du boitier à soupape à un filet de 40 mm pour s’adapter aux filtres Hollandais.

       Et à la France, La partie inférieur du boitier à soupape est en aluminium, il se visse sur la partie supérieure en bakélite, le filtre est du type français, le filet pour raccorder est de 42 mm.




Bidon filtreur C.O. : poids moyen 2,200 kg.

       Bidon filtreur contre l’oxyde de carbone ou monoxyde de carbone (CO).Il faut qu’il reste un pourcentage d’oxygène dans l’air ambiant, voir plus haut.

       La firme PIRELLI à vendu d’autres marques d’appareils filtrants : la marque ANTI GAZ, type AG.5, AG.9, AG.10, et AG.15, rangés dans des étuis métalliques, ils sont du type passif, les types10 et 15, rangés dans des besaces et raccordé par un tuyau chenille à un bidon filtreur, sont du type actif. AG.9, type passif, le caoutchouc est très mince, probablement moins cher à la vente, le couvercle de l’étui est frappé des lettres SACIC, société anonyme pour le commerce et l’industrie du caoutchouc.




       Comme la marque Pirelli la société S.B.A, a proposé plusieurs modèles de masques à la vente, l’étui de transport est le même que l’étui du L.702, à la différence que les couvercles sont frappés des lettres S.B.A.(Société Belge de l’Azote),les couvres face ont une couleur brune et les cartouches, sont une amélioration des filtres des masques L.702. À l’intérieur du couvercle trois petites pattes retiennent un boitier, dans lequel est stocké une soupape de rechange et deux disques anti buée.




       Dans le menton du masque une purge d’eau a été prévue pour éliminer la condensation.

       Des étuis de transports de même hauteur, mais plus large, 13,5 cm, ont été livré à la population passive. Placé à l’intérieur, un carton gaufré protège les masques et les cartouches contre les choques. Les couvres face de couleur gris (pour les différencier des autres) ont été simplifiés et améliorés. Les étuis de transports sont de couleur kaki (olive drab), un porte étiquette est rivé au corps de l’étui, cela permettait de retrouver son masque anti gaz, qui avait été réglé à la taille du propriétaire.



       Le même dispositif mais avec étuis de transports de couleur noire, intérieur et extérieur ont été fourni aux gendarmes. Les sangles de suspension des étuis sont en cuir.



       La société Anglebert : à produit deux types de masque. Un passif très léger avec des oculaire en plexiglas et une petite cartouche de filtre, remisé dans une petite boite métallique de 17 cm X 11 cm. Le deuxième, type actif, est d’une meilleure fabrication, le couvre face est relié à la cartouche filtrante par un petit tuyau chenille (17cm de long), la cartouche se place dans le support du corselet qui est suspendu par une bride, de 5 cm de large, autour du cou. Le même dispositif a été livré dans des besaces en toiles, couleur kaki. Les deux types de masques sont en caoutchoucs noirs

       Les masques anti gaz passif fourni aux personnes, qui ne sont pas indispensable à la défense passive, devra rejoindre un abri ou l’air serrât filtré, à leur domicile ou dans des abris collectifs.



Les masques anti gaz, se divisent en deux catégories

       Les appareils filtrants : le porteur respire à travers un filtre qui arrête ou neutralise les produits nocifs contenus dans l’atmosphère.

       Les appareils isolants : est un appareil permettant à son porteur de respirer sans utiliser l’atmosphère extérieur, (à l’aide d’une bouteille oxygène comprimé).



++++++++++Expiration- - - - - -Inspiration++++

       Classification des appareils isolants : Des appareils compliqués et fragiles, durée de protection de 20 minutes à 2 heures suivant le type.



       Appareils à circuit ouvert : ce sont des appareils comportant une réserve d’air comprime et dans lesquels l’air expire est rejeté dans l’atmosphère par une soupape d’expiration. Il est alimenté par deux bouteilles, contenant chacune 800 litres d’air comprimé à 200 kg : cm2, soit une réserve de 1600 litres d’air.

       Durée de protection : au repos, de 1 à 2 heures, en travail modéré, de 30 à 60 minutes.



       Appareils à circuit fermé : ce sont des appareils alimentés uniquement avec de l’oxygène, et dans lequel l’expiration se fait dans l’appareil lui-même. Ces appareils utilisent, pour la neutralisation de l’acide carbonique, des cartouches contenant des granules de soude, de potasse ou de chaux sodée. Le sac respiratoire est alimenté par un réservoir, contenant 40 litres d’oxygène comprimé à 150kg : cm2.

       Durée de protection : en travail modéré, de 2 à 3 heures.

        La cartouche épuratrice de l’air expiré, contient des substances susceptibles de neutraliser l’acide carbonique, présent dans l’air expiré (+- 4%). Tout l’oxygène aspiré n’a pas été consommé (dans les poumons). Il y a intérêt à le récupérer et à le mettre en circulation dans l’appareil (sac respiratoire)

Les masques pour les enfants



       En Belgique, pour les enfants de moins de 3 ans des dispositifs spéciaux sont nécessaires (sac filtrant du pharmacien Colonel Bruère ou du masque à pompe du Lieutenant – Col. Stevelinck), livre de la croix rouge de Belgique 1939.

       En Grand Bretagne, conçu pour des enfants en-dessous de deux ans, ils sont glissés dans la coiffe, une courroie placée entre les jambes du bébé le maintien dans le dispositif, une sangle serrée à la taille le rend étanche à de l’air extérieur. Un petit soufflet, actionné par les mères fournit de l’air au casque, l’air est épuré de tous les gaz toxiques en passant par un filtre avant d’atteindre l’enfant.




       En Allemagne, ils optèrent pour un berceau en toile imperméable, monté sur un châssis en bois, il permettait à la mère de glisser son enfant dans une poche hermétique sans cesser de voir son visage. La mère agit sur un soufflet relié par un tuyau souple à un filtre placé dans une pochette dans le berceau.




       Un gant en toile imperméable a été cousu sur le dessus du berceau, ce dispositif permettait à la mère de s’occuper un peu du bébé.

       Une camisole avec une cagoule hermétique, resserré aux manches et à la taille a été prévue pour l’enfant plus grand, l’alimentation en air se fait comme pour le berceau, ici le filtre est placé dans une pochette à hauteur du thorax.

       Le sac respiratoire pour enfant imaginé par le professeur Leau.



       Beaucoup de pays ont prévu des masques de petite taille pour les enfants, assez traumatisant pour les jeunes, certain pays ont modifié la couleur ou la forme.




       Un modèle fabriqué pour les enfants par les américains pendant la seconde guerre mondiale, mais qui n’a jamais été utilisé. Approuvé par Walt Disney, pour aider les enfants à supporter le port d’un masque à gaz. Il a été fabriqué à 1000 exemplaires et approuvé par l’armée américaine.

       La majorité des pays ont repris des masques excitent mais en diminuent la taille, taille 0 en Belgique, petite taille en France ou taille medium en Angleterre.

ASSAINISSEMENT DES ENDROITS CONTAMINES PAR LES GAZ.

       Le travail d’assainissement en peut commencer que lorsque le bombardement est terminé, ou après la fin d’alerte aux gaz. Il doit être fait par un personnel instruit, conscient de l’importance de sa mission et muni d’appareil protecteur.

       Différents types de pulvérisateurs portatifs ont été proposés ; seuls les appareils du type Vermorel-Eclaire, ont donné de bons résultats. Il se porte sur le dos à l’aide de bretelle en cuir ou en tissu résistant, le couvercle est muni d’un filtre destiné à retenir les grosses impuretés de la solution.

       Solution à employer :la solution normalement employée comporte : (A) pour 1 litre d’eau, 220gr d’hyposulfite de soude cristallisé, 175gr de carbonate de soude Solvay et 475 gr de carbonate de soude cristallisé.

       (B) pour 1 litre d’eau, 42 gr de carbonate de soude Solvay, 38 gr d’hyposulfite de soude cristallisé, 102gr de sel marin.

       La première solution proposée se congèle a – 3° la seconde a – 6°.

        A défaut de d’hyposulfite, on peut constituer une solution suffisamment efficace en dissolvant 1,200 gr de carbonate de soude Solvay dans 12 litres d’eau. Cette solution présente également l’avantage de neutraliser la plupart des composés chlorés.




CLASSIFICATION DES GAZ DE COMBAT

Tiré du livre LES TOXIQUES DE GUERRE, publié par L’UNION CIVIQUE BELGE, DE 1932

(A)       Les grands toxiques :                     2 sortes de gaz employé

(B)       Les suffocants :                              8 sortes de gaz employé

(C)      Les lacrymogènes :                        8 sortes de gaz employé

(D)      Les vésicants :                                10 sortes de gaz employé

(E)       Les sternutatoires :                         7 sortes de gaz employé

(F)       Les fumigènes :                              2 sortes de gaz employé

(G)      Un isolé, mais méritant de par sa toxicité et par la fréquence des accidents qu’il a causés une mention toute spécial : l’oxyde de carbone.

       On peut se demander après cette longue et terrifiante énumération s’il faut encore craindre l’apparition de nouveaux toxiques. La chimie n’a certes pas dit son dernier mot et il n’est guère d’années où la longue liste de produits chimiques connus ne s’allonge de quelques centaines de noms. (1932)

       En 1937 les troupes cantonnées dans les forts de liège avaient toujours des masques model 24 et le casque Adrian modèle 1915.



       Les musettes pour les chevaux étaient remplies de foin, imprégner de produit chimique (d’hyposulfite de soude, de carbonate de soude et de glycérine).



       Les yeux des chevaux sont sensibles à l’ypérite, mais le sont peu aux effets d'autres produits toxiques, tels que les gaz lacrymogènes par exemple.

La guerre des gaz entre les deux guerres mondiales

       Entre 1921 et 1927, lors de la troisième guerre du Rif au protectorat espagnol au Maroc, l'armée espagnole d'Afrique a utilisé des armes chimiques afin d'écraser la rébellion berbère rifaine menée par Abdelkrim al-Khattabi, chef de la guérilla.

       De 1935 à 1936, lors de la Seconde guerre italo-éthiopienne, l'armée italienne procède à des bombardements chimiques d'artillerie et par avions employant un total de 350 tonnes d'armes chimiques.

       Dès 1937, l’Allemagne exploite les propriétés neurotoxiques d'un insecticide organophosphoré, le tabun ; puis en 1939, le sarin ; et en 1944, le soman. Après-guerre, les amidons furent développés, les trois derniers produits agissant même à travers l’épiderme.

       Au Royaume-Uni, Winston Churchill, ministre de la Guerre de 1919 à 1921, préconise l'usage des gaz de combat pendant la troisième guerre Anglo-afghane mais le vice-roi des Indes, Lord Chelmford, et le commandement militaire s'y opposent. Pendant la révolte irakienne contre les Britanniques, en 1920, Churchill propose l'emploi de gaz asphyxiants non létaux mais la formule n'est pas au point et le projet est abandonné.

       La France a également poursuivi un programme de recherche sur les armes chimiques durant l'entre-deux-guerres, ce programme s’intensifiant progressivement à partir des années 1930, avec le durcissement des relations internationales. De nouvelles substances, toujours plus toxiques furent découvertes et synthétisées, comme le trichlo éthylamine (vésicant et suffocant insidieux puissant), de nombreux dérivés proches des arsines, et une substance proche des organophosphorés aux propriétés neurotoxiques, un éther carbamique de la choline.

       En 1940, un stock important de munitions chimiques avait été constitué dans l’objectif de mener une guerre chimique. Ce stock était essentiellement constitué de munitions d’artillerie et de bombes d’aviation, chargées en phosgène, en ypérite, en trichlo éthylamine, en léwisite, en adamsite.

       Plus de 2 300 000 tirs d'obus étaient disponibles pour les Alliés au mois de mai 1940, reliques de la Première Guerre mondiale. Un groupement spécialisé dans ce genre d’opérations fut rendu opérationnel à partir du mois d’avril 1940 ; la suite précipitée de la campagne mit fin à ce projet.

       Les infrastructures de production d'engrais et de pesticides ont respectivement pu fournir de grandes quantités d'explosif (nitrates) et de neurotoxiques et autres produits chimiques pour la guerre. Le non-emploi des produits stockés, pendant la Seconde Guerre mondiale est mal expliqué : efficacité du Protocole de Genève ? Les Allemands pensaient-ils que les Alliés avaient eux aussi découvert les organophosphorés ? Ils ont en tous cas laissé des stocks importants qui attendent qu'on les traite ou qui n'ont pas jusqu'à un passé récent été correctement éliminés (c'est-à-dire éliminés sans impacts écologiques ou sanitaires ni définitivement pour les toxiques non dégradables).

       L'Égypte engagée fortement dans la guerre civile du Nord-Yémen dans la république arabe du Yémen de 1962 à 1967 employa du phosgène et du gaz moutarde.

       Opération Ranch Hand. Officiellement, les États-Unis ont mis fin à l'épandage de défoliants par l'agent orange en 1970 sous la pression de l'ONU. En 1971, ils se poursuivirent officieusement par des avions de l'armée sud-vietnamienne.



       L'épandage de défoliant chimique par l'agent orange (herbicide contaminé à la dioxine dosé à 40 fois son emploi en usage civil, pour détruire les cultures vivrières) a lieu à partir de 1952 lors de l'insurrection communiste malaise par les forces britanniques. Elle est reprise

       L'épandage de défoliant chimique par l'agent orange (herbicide contaminé à la dioxine dosé à 40 fois son emploi en usage civil, pour détruire les cultures vivrières) a lieu à partir de 1952 lors de l'insurrection communiste malaise par les forces britanniques. Elle est reprise durant la guerre du Viêt Nam par les États-Unis et visait à affamer la population Viêt-Cong. En termes de quantité mise en œuvre sur les rizières du delta du Mékong, cette guerre est considérée comme la plus grande guerre chimique de l'Histoire. C'est un véritable écocide qui a détruit la flore. La population a subi de graves brûlures à l'épiderme, Les épandages se sont étendus sur les terres du Laos et du Cambodge. Plus de 3 000 villages ont été arrosés, et certaines personnes ont mangé des céréales enduites d'herbicide ; les conséquences génétiques sur les populations ayant été en contact avec la défoliation se sont transmises aux générations ultérieures, engendrant des enfants subissant des anomalies considérables lors de leur développement in utero

       La guerre Iran-Irak vit l'utilisation massive de ces armes par l'Irak, on estime que ces attaques chimiques ont causé 60 000 victimes iraniennes, dont 10 000 morts. Le 16 mars 1988, l'armée irakienne a bombardé à l'arme chimique la ville kurde d'Halabja, il y eut plus de cinq mille morts et environ sept mille blessés et handicapés à vie.

       La Libye employa en outre de l'ypérite dans le nord du Tchad durant le conflit tchado-libyen jusqu'en 1987.

       La crainte d'un terrorisme chimique se concrétise avec les attentats au sarin commis au Japon par la secte Aum Shinrikyo en 1994 et 1995.

       À partir de janvier 2007, pendant la guerre d'Irak, des attentats à l'explosif combiné avec du chlore atteignent la population.

       Pendant la guerre civile syrienne, du sarin et du chlore sont utilisés par l'armée syrienne, notamment lors des attaques de la Ghouta, d'Ouqayribat, de Khan Cheikhoun et de Douma, causant la mort d'au moins 2000 personnes. Au cours du conflit syrien et de la seconde guerre civile irakienne, l'État islamique effectue également quelques attaques au gaz moutarde et de chlore, provoquant au moins la mort d'un nouveau-né et faisant plus d'une centaine de blessés.

       Le 11 octobre 2013, le prix Nobel de la paix est décerné à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques qui a supervisé, depuis sa création en 1997, la destruction de 80 % des stocks d’agents chimiques déclarés (environ 60 000 tonnes), ainsi que près de 60 % des 8 millions de munitions.

Voir ; Arme chimique.

POSTFACE

Fritz Haber ; Initiateur de la guerre chimique.



Fritz Haber 

       Fritz Jacob Haber naît le 9 Décembre en 1868 à Breslau, ville appartenant alors à la Prusse. En 1892, il abandonne le judaïsme et devient luthérien. Toutefois, on n’oublie jamais l’origine ethnique des individus. Il n’émettra jamais la moindre critique envers le pouvoir, quel que soit la politique suivie. Sauf à la fin de sa vie. Peu avant sa mort, en quittant l’Allemagne nazie, il regrettera cette attitude en ces termes : « J’ai été allemand à un tel point que je ne m’en rends vraiment compte qu’aujourd’hui ».



Erich von Falkenhayn

       Erich von Falkenhayn, charge donc Walther Nernst d’une recherche sur les gaz irritants et lacrymogènes pour obliger les soldats alliés à quitter leurs positions et pratiquer la guerre ouverte. Nernst échoue, et Fritz Haber s’offre pour prendre sa suite. Il s’agit cependant d’une question délicate : deux Traités signés à la Haye en 1899 et en 1907, ratifiés ensuite par l’Allemagne, proscrivaient formellement l’usage des gaz de combat. Falkenhayn prend alors la responsabilité de couvrir la fabrication des poisons de guerre. Une intervention personnelle du kaiser impose à une hiérarchie militaire hostile d’élever Haber au grade de capitaine, sans commandement, bien sûr.

       Le chlore devient alors la pièce maîtresse : il peut être produit en grande quantité dans l’industrie des colorants. Gaz lourd, il ne s’envole que lentement lorsqu’il est répandu sur le sol, donnant ainsi le temps au vent de l’emporter vers la cible choisie.

       Haber organise aussitôt une équipe avec Walther Nernst et quelques futurs prix Nobel, citons parmi eux James Franck (physique, 1925), Gustave Hertz (physique, 1925) et Otto Hahn (chimie, 1944). Signalons également la présence de Carl Duisberg, directeur de la puissante Bayer.

       En revanche des scientifiques Allemand sont contre cette nouvelle arme, Haber essuie le refus de Max Born et d’Emil Fisher. « Du fond de mon cœur patriotique, je vous souhaite l’échec », dit ce dernier à Haber en faisant ce sombre pronostic : « après les Allemands, les autres feront la même chose ».

       Sous la surveillance personnelle de Haber, les Allemands enterrant, la nuit, des centaines de bouteilles métalliques sous pression, approximativement 170 tonnes de chlore, sur une ligne d’environ 6 kilomètres : il indique précisément les emplacements pour les enfouir. Pendant plusieurs jours, Haber attend que le vent souffle dans le bon sens. L’attaque ne survient que le 22 avril, alors que Falkenhayn, impatient, avait déjà retiré une partie de ses troupes, affaiblissant donc le potentiel offensif allemand.

       Il aura sous sa responsabilité environ 200 chercheurs. Il mettra au point des gaz encore plus délétère que le chlore, par exemple le phosgène et l’ypérite.

       Avec le recul, on sait que l’usage des gaz n’a pas permis à l’Allemagne de remporter la victoire. C’est Fischer qui avait raison : en peu de temps, les belligérants s’arrosaient mutuellement de gaz vénéneux.

       Novembre 1918 : le régime impérial s’écroule et la République est proclamée.

       Recherché comme criminel de guerre, Haber s’enfuit en Suisse, où il obtient la nationalité, privilège accordé aux gens fortunés. En novembre 1919, il reçoit le prix Nobel attaché à l’année 1918. Ceci provoque immédiatement un déchaînement de protestations des savants français, anglais et américains contre l’Académie suédoise. Obligée de s’expliquer, la Commission d’attribution du prix Nobel assure qu’elle souhaitait uniquement récompenser l’inventeur de la synthèse de l’ammoniac (engrais chimique), grâce à laquelle on pouvait juguler la famine prévisible dans le monde.

       Haber continue à développer après-guerre des poisons chimiques avec l’excuse de combattre les nuisibles des silos, les rongeurs et les insectes. Toutefois, derrière cette façade, il fabrique en secret des armes chimiques, son équipe met au point le Zyklon B.

       En janvier 1933, Hitler arrive au pouvoir, commence alors une féroce répression, qui deviendra vite un génocide. Un décret visant à épurer l’administration des non-ariens exige la démission des juifs. Haber se réfugie en Suisse dans la ville de Bâle, où il décède en 1934.








 

 

Bibliographie

Internet / Fritz Haber, chimiste à double visage.

 

 



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