Maison du Souvenir

Quelques histoires.

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Vos témoignages.




Comme son nom l'indique, la Maison du Souvenir a dans ses objectifs, la mission de conserver les anecdotes, souvenirs des périodes des deux guerres, que ce soit sous l'Occupation, durant les combats, dans les camps de prisonniers ou de concentration.
Il ne faut pas, pour les générations suivantes, que meurent ces témoignages utiles pour faire face à l'avenir. Cette page vous est consacrée.
Écrivez-nous et envoyez-nous votre histoire !




Voici quelques extraits de témoignages:

 

Condamnations

 

La commune d’Heure-le-Romain fut condamnée plusieurs fois par les Allemands. Elle fut d’abord condamnée le 23-07-1917 à une amende de 1 500 marks pour refus de démolir les maisons incendiées par les Allemands en 1914. On lui faisait savoir que cette somme devait être payée pour le 28 juillet 1917, sinon, on prendrait des otages que l’on garderait jusqu’à paiement complet. Les Allemands firent eux-mêmes démolir les maisons incendiées et exigèrent de la commune, le 17 janvier 1918, une somme de 17 719 marks 60 pour frais de démolition. Heureusement, cette somme n’a pas été payée, parce que le secrétaire communal sut faire traîner la chose en longueur. La commune fut encore frappée d’une amende de 3 000 marks, le 4 juin 1918, parce que les fils téléphoniques et télégraphiques avaient été arrachés et emportés par deux fois le long du chemin d’Heure à Houtain. Cette somme dut être versée avant le 22 juin.

 

Actes de dévouement et de patriotisme.

 

Parmi les valeureux jeunes gens de la commune qui se distinguèrent par leur bravoure, il en est un appelé Louis Navette dont l’ardeur patriotique est digne de tout éloge. Ce jeune homme âgé de 20 ans lors de la déclaration de guerre était l’aîné d’une famille de 9 enfants. Il avait été exempté définitivement avant la guerre par le Conseil de Milice de Liège pour cause physique. Il était employé au vicinal de la ligne Tongres Lanaeken. Là, il s’occupa de la fraude des lettres et du passage de nombreux documents de l’armée. Voulant se rendre plus utile encore à sa patrie, il se présenta au Consulat à chaque appel de jeunes gens réfugiés en Hollande, mais on ne voulut pas examiner son cas vu qu’il était exempté définitivement. En juin 1915 cependant, il rejoignit l’armée où il fut examiné et trouvé inapte au service pour hernie inguinale droite caractérisée et on ne voulait pas l’accepter. Il revint alors à Maastricht réoccuper son emploi. Dans l’entretemps, il apprit que les opérés d’une hernie étaient admis comme militaires ; alors il se décida à subir l’opération qui réussit complètement. Il put ainsi accomplir un grand désir : servir sa patrie et se rendit à Folkestone (Angleterre) où il fut enrôlé dans l’armée belge.

 

Passage des fils

 

Les faits suivants nous rapportés par Monsieur Théophile Stockis lui-même qui passa la frontière prouvent également l’ardeur du patriotisme dont ce jeune homme était animé. La commune doit se glorifier d’avoir vu naître de tels héros. « Vers la mi-novembre 1916, dit-il, d’accord avec un ami de Tongres que je rencontrai à Liège, nous décidâmes de passer la frontière dans le but de rejoindre l’armée ; nous convînmes de nous retrouver chez lui le surlendemain où un guide sûr nous renseignerait sur les moyens à employer et les routes à suivre. Sans permis de circulation, je partis donc un jeudi matin pour Tongres où j’arrivai vers quatre heures, après m’être caché dans l’église de Sluse et derrière les haies avoisinant Tongres pour échapper aux patrouilles. Le soir, nous nous rendîmes à Hessel, zone défendue, en contournant les postes allemands. Après avoir retrouvé notre guide au lieu désigné, nous partîmes pleins d’ardeur. Malheureusement, notre guide se perdit dans l’obscurité et nous conduisit près d’une sentinelle qui donna l’alarme. Nous fûmes reçus à coups de fusils. Nous rampâmes pendant des heures dans les terres détrempées. Par un heureux hasard, nous arrivâmes chez les paysans où nous nous cachâmes jusqu’à la nuit suivante. Vers 9 heures du soir, le 24 novembre 1916, nous repartîmes munis d’une petite échelle et bravant le danger qui nous menaçait,, nous sautâmes au-delà des fils électrisés. Nous étions en terre neutre et nous nous dirigeâmes vers Maastricht. Quelques jours après, je pris du service dans l’armée. » Un autre jeune homme non moins courageux, Monsieur Henri Delwaide, qui lui aussi a passé les fils électriques pour rejoindre l’armée nous fait le récit ci-après : « Monsieur Emile Fortemps, jeune home de notre localité, me mit en relation avec Monsieur Moors de Kessel qui s’occupait de faire passer la frontière aux jeunes gens. Le dimanche 24 novembre 1916, je partis pour Vlytingen avec M. Emile Fortemps. Arrivés chez M. Moors à Kessel, je trouvai hébergés chez lui cinq autres jeunes gens étrangers qui désiraient également rejoindre l’armée. Là, nous observâmes tous les mouvements des sentinelles allemandes et attendîmes le moment propice pour passer la frontière. Le lundi 25 novembre, vers 5 heures du matin, la sentinelle allemande, que j’étais parvenu à corrompre en lui versant la somme de 1 000 francs nous attendait quand tout à coup la sentinelle de gauche vint lui parler et nous dûmes à regret rebrousser chemin. Les fils électriques étaient superposés horizontalement à intervalle de 30 cm. De chaque côté de la clôture se trouvait une ligne de fils inoffensifs destinés à empêcher les animaux, les véhicules, etc d’approcher. De distance en distance, les fils électrisés étaient reliés entre eux par des poteaux semblables à ceux du téléphone. Nous passâmes encore deux jours à observer les mouvements des sentinelles et attendîmes avec impatience le moment propice, car nous brûlions de désir de nous rendre utiles à notre patrie si éprouvée. Enfin, le mercredi 27 novembre vers 7 h ½ du soir, nous nous rendîmes à Veltwezelt, village aux environs de Kesselt où se trouvait la sentinelle qui devait nous donner le signal. Nous profitâmes d’un temps brumeux et d’une profonde obscurité pour nous acheminer sans bruit vers le lieu désigné. Nous fûmes avertis par un signal convenu que le passage était libre, qu’il n’y avait à ce moment ni patrouille ni officier de ronde. Nous passâmes sans difficulté la première rangée ; nous adossâmes alors une échelle au poteau téléphonique. M. Moors passa le premier en nous disant de l’imiter, mais ayant mal pris son élan, il fit un faux mouvement, tomba sur le fil électrisé et fut tué net. Cet accident épouvantable nous avait consternés, cependant nous ne nous décourageâmes pas et nous passâmes tous les six à tour de rôle sans qu’aucun incident ne se produisît. Nous nous traînâmes alors sur le sol dans des chemins inconnus. Nous découvrîmes enfin un petit sentier qui conduisait à une vallée où nous restâmes couchés jusque 3 heures du matin. Nous aperçûmes alors des lueurs dans le lointain et découvrîmes la ville de Maastricht vers laquelle nous nous dirigeâmes sans difficulté.

 

 



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