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Evasion de Belgique occupée pour
rejoindre la Force Belge en Grande-Bretagne. (effectuée par LEDENT Henri et LEROY Hubert.) Du 19 avril au 22 juin 1942, d’ATH à LONDRES. Suite à des arrestations massives
effectuées à Liège et environs, LEDENT Henri étant repéré, décide, sur les
conseils de ses relations, de se soustraire au sort qui, fatalement, aurait été
le sien s’il était resté. Nanti de quelque argent et comme
tout renseignement de ligne, le Mont Kemmel (avion), ainsi qu’une adresse en
France fournie par Melle VAN-ROY (Vivegnis), le dimanche 12 avril, Henri prit
la route ou plutôt le train, direction Bruxelles. Repéré à la gare du Nord (Bruxelles)
par un gestapiste de Liège, il parvient à le semer et trouve refuge pour la
nuit chez Joseph CLOCKERS (originaire de Vivegnis) rue Sans Souci X.L. Le lendemain, il prend le train à la
gare du Midi pour Charleroi en compagnie d’un autre repéré ; arrivés à
destination, chacun descend du train par une porte différente et le malheureux
compagnon de voyage d’Henri se fait arrêter sur le quai. Un train démarre sur une autre voie.
Henri n’hésite pas, saute dedans, se renseigne sur la destination et roule en
direction de Haine-St-Paul, passant par Mons et arrive à Chièvres vers 13 h, où
je suis en service. Je le présente comme gendarme venant
de Charleroi en quête de ravitaillement ; toutefois, le commandant de
brigade est mis dans la confidence. Le lendemain, Henri part pour le Mont
Kemmel. Il me revient deux jours plus tard, le renseignement s’est révélé faux. Nous cherchons une ferme où il
aurait pu se cacher, mais aux premiers mots de notre demande et les motifs,
tous les fermiers hésitent. Nous comprenons qu’il est inutile d’insister. Henri décide de tenter la grande
aventure, ceci se situe le samedi 18 avril. Pour ma part, commençant à en avoir
assez du service aux contrôleurs et autres services, je décide d’accompagner
Henri. Nous arrêtons la date du lendemain, le 19 avril. Je dois me faire
remplacer dans mon service de planton à la brigade. Je donne comme prétexte que
mon collègue (Henri) retourne à Charleroi et que je voudrais le conduire à Ath.
Un marié consent à me remplacer pendant 8 heures. Le pauvre, il me reverra deux
ans et demi après. Dimanche 19
avril : Départ 9 h d’Ath. Lettres
postées. Train Tournai-Lille. Lundi 20
avril : 9 h train pour Angers,
couvent, dîner, religieuse, enfants, prières, chants. Mardi 21
avril : Adresse Melle Van Roy –
Neuilly – château de la baronne de Pelletier de Glatigny
– arrivée au château vers 10 h – accueil très affable, cachés lingerie, ensuite
chambre à coucher. Baronne, sa fille, femme de chambre, confidence, promenade
clair de lune (radio Londres) Mercredi 22
avril :
Même situation, promenade soir, déterré 2 pistolets. Jeudi 23
avril :
Même situation, exercice de tir par la baronne dans la réserve à vin (dessous
du parc). Vendredi 24
avril :
Toujours enfermés, promenade parc. Samedi 25 avril : Courant
après-midi, retour baronne, visite effectuée à Saumur, papiers d’identités
françaises. Sortis du château par une porte de service et rentrés par la grande
allée, comme ouvriers soi-disant envoyés de la Bourse du travail de Paris,
embauchés sur le champ. Souper, installations, annexes. Dimanche 26 avril : Sortie au
village, messe, promenade. Lundi 27 avril : Commençons
service. Henri sommelier et jardin. Hubert scier bois … Arrivée de la sœur de
la baronne, une comtesse + 6 enfants + nurse anglaise. Mardi à vendredi 1er
mai :
Même situation. Samedi 2 mai : Arrivée de
scouts dans la propriété, abbé, confession sous bois. Dimanche
3 mai :
Assisté messe, chapelle, communion, départ fixé lendemain, apprêts. Lundi 4 mai : Départ en
carriole pour Saumur (train pour Tours, Bourges, nuit dans train). Mardi 5 mai : Nevers,
arrivée à 6 h. Visite beau-frère baronne, déception, presque pris, fuite,
reprenons le train, arrêt à Monceau-les-Mines, visite
Henri au curé, réussite, café, hôtel, prisonniers français (Allemagne) logement
hôtel. Mercredi 6 mai : Départ à 3 h 30
pour ligne de démarcation – 2 guides – 6 prisonniers en tout – corps de garde
allemand – chiens – lumières – prairies – haies – champs. Jeudi 7 mai : Arrivés à
Toulouse vers 4 h 30. Tasse café, petit hôtel, nous rendons couvent des
Pères ? adresse de la baronne, impossible ligne de passage et nous
gardés ; repos quelques heures, visite dépôt d’essence, revenir plus tard
traîner en ville, décidons prendre une chambre, argent post très vite, boulangerie
fermée, tickets mais pas de pain, faim, cigarettes, nuit hôtel. Patronne hôtel
fils en Allemagne, heureuse nous faire plaisir. Vendredi 8 mai : Quitté
hôtel (contrôle). Reste en poche pour nous deux environ 500 F, nous
rendons à la gare pour passer le temps. Henri examine tableau voyages et
tarifs, désire se rendre à Lourdes, autant fauchés à Lourdes qu’à Toulouse.
Billets coûtent 150 F ; donc restent à peu près 200 F. Samedi 9 mai : Retour à
Toulouse. Argent Lambert. Il nous attend à la gare, nous conduit à l’Office
belge. M. Cartigny (Verviétois),
interrogatoires, formulaires, maison communale, argent, tickets, tabac,
formalités séjour, conduits hôtel de Paris. Nombreux Belges, devons attendre 2
ou 3 semaines. Dimanche 10 mai : Fête de Ste Jeanne
d’Arc, promenade, cinéma. Lundi 11 mai : Même situation,
renvoi sac à la baronne. Mardi 12 mai : Même situation,
prévenus départ lendemain, serons à 4. Mercredi 13 mai : Départ pour la
frontière espagnole. 6 h 00 Vermeire Jean. 7 h 30
Poulain (Ans) et Hubert. 8 h 00 Henri avec un Espagnol responsable
filière : rendez-vous OSSEGA hôtel ? Souper, chambre pour discuter,
arrivées de 2 guides pour la montagne remettre faux papiers français et argent. Jeudi 14 mai : Continuons
marcher, 7 h 30 halte au-dessus montagne, village vallée, impossible descendre
village, fête Ascension, restons cachés (buissons) toute la journée, faim,
surtout soif : guide descendre, reviens avec vin dans peau de bouc. Vendredi 15 mai : Départ 6 h en
autobus, guide près conducteur (nous 4 fond du bus). En cours de route, montent
carabiniers avec prisonniers, nous sommes cachés par marchande de fruits. Samedi 16 mai : Gîte Denrie : cuisine à l’huile (va-vite), olives, oignons,
riz, salade tourson ( ?), cigarettes Herba. Du dimanche 17 mai au samedi 30
mai :
Gîte Denrie. Toujours enfermés appartement, prend air
frais la nuit sur le toit (plate-forme), visite Antonio apporte cigarettes,
illustrés. Dimanche 31 mai : Prévenus pour
départ lendemain 20 h : Ledent, Leroy, Vermeire, Cole. Lundi 1er juin : Quitté gîte
après-midi, convoyeur consulat : affiche mariage du ? reçu par don Pedro, cadeau 1 cigarette anglaise et 500
pesetas. Mot de passe pour Orense, hôtel Lion d’Or ; U.L.B. Mardi 2 juin : Changé de train
à Soria, direction Valladolid très tôt le matin. Arrivés à destination
après-midi. Guide parti pour restaurant marché noir, nous attendre dans parc.
Retour guide souper fin et fin souper. Resté trop longtemps, train raté 22 h
30. Mercredi 3 juin : Train direction
frontière portugaise ; départ 1 h 30 (restant brigade « Azur ».
Voyagé restant de la nuit, toute la matinée, après-midi de nouveau montagne,
pont saboté, train 22 h 30 de la veille fond du ravin ; pont de
fortune ; de nouveau changé de train. Jeudi 4 juin : Restons à
l’hôtel, en ville fête de Franco, journal, 4 Belges arrivés la veille. Vendredi 5 juin : Quittons hôtel
après-midi en taxi, 40 km, stop milieu montagne, cachés sous la route tuyau
égout, taxi parti, paysans et passants sur la route. Ici, dans tuyau, le
« PET », rire malade. Samedi 6 juin : Marché toute la
nuit, levé du jour, soleil très fort. Enfin fond vallée, moulin en pierre,
renfermés, guide parti, plus mangé depuis la veille. Dans courant après-midi,
femme apporté pain, sardines, bouteille de vin, toujours attendre. Dimanche 7 juin : Continuons la
route avec 1 douanier (sergent) nous conduit au village chez lui à 1 h du
matin. Souper, 5 autour de la table, grand plat (lapins, salades, oignons,
olives, riz, huile). Départ avec douanier + couple Belges vers 2 h 30. Marcher
jusque 6 h. Voiture venue de Braga pour nous prendre. Montons à 6 + chauffeur
dans voiture pour 4. Arrivés à Braga vers 9 h. Grande propriété, patron originaire
de Verviers. Lavés, déjeuner. Après-midi, direction pour continuer sans guide,
partis de Braga à 19 h. Changé train à Porto à 23 h. Continuer voyage à 4. Lundi 8 juin : Arrivés à
Lisbonne à 9 h café de la gare. Dégusté
café crème. Taxi pour consulat Belgique, interrogatoire, argent, conduit ?
Anglais, nouvel interrogatoire, apéro, midi conduits au gîte, retrouvé Gigot,
soir promenade, cireurs, mendiants, nuit au gîte. Mardi 9 juin : De
nouveau ? Anglais. Embarquons le jour même à 14 h 30. Midi dîner pension
anglaise. 14 h port, vedettes, embarqués sur « CONRAD » 19 Belges, 9
Polonais, 2 Tchécoslovaques, ainsi que des civils anglais avec famille.
Formalités (Juifs). Mercredi 10 juin : A bord
« CONRAD » restés en rade de Lisbonne. Jeudi 11 juin : Très tôt, à
l’aube, levé l’ancre, 5 cargos anglais, mal de mer. Vendredi 12 juin : Continuons à 3,
direction plein Atlantique ; alertes avions. Samedi 13 juin : Pendant la
nuit, rencontré convoi (24 navires) faisant route vers l’Angleterre, venant d’Amérique
du Sud. Alertes avions. Dimanche 14 juin : Belle journée,
mer très calme. Alertes avions. Lundi 15 juin : 1 h du matin,
forte détonation, tout le monde sur le pont, pétrolier à notre gauche (en
avant) atteint d’une torpille, coule en 4 à 5 minutes. Convoi prend de la
vitesse, 2e torpille navire à notre gauche (en arrière) atteint,
coule aussi vite. Mardi 16 juin : Continuons à 21,
calme revenu. Major Demeyer, frousse, cordes, bouée, radeau, valises,
documents, nourriture. Mercredi 17 juin : Calme, même
situation, change direction, canal St Georges impraticable (sous-marin),
contourner Irlande. Jeudi 18 juin : Toujours de
même – contre-torpilleur ramené naufragés, convoi scindé. Vendredi 19 juin : Côtoyé
l’Ecosse, serons bientôt au but. Samedi 20 juin : Tard dans
l’après-midi, arrivons dans un port de guerre du nom de ??? Débarquement
remis au lendemain, nouvelles formalités avec douane et administrations. Dimanche 21 juin : Débarqués de
bonne heure sur petit bateau de plaisance. Restés plus ou moins 1 h à bord,
ensuite accosté. Attendus au débarquement par officier écossais + 2 soldats (2
autobus) jusque Perc ?.
Conduits dans un hôtel, gardés militairement, dîner, passés à la gare, train
pour Londres environ 13 h. Cinq évadés par compartiment + 1 soldat anglais.
Paniers repas, cigarettes, thé. Passés par le port de Glasgow. Roulé toute la
nuit. Lundi 22 juin : Arrivés à Londres
vers 8 h. Gare de Paddingron. De nouveau autobus avec
escorte. Conduits à Patrioc-School,
pour être tamisé. Du mardi 23 au dimanche 28
juin :
interrogatoires.
(26 juin : sortie Henri) Mercredi
29 juin :
Sortie Hubert. Et ainsi se termine la relation de
l’évasion de Henri et de Hubert jusqu’à l’arrivée en Angleterre. En ce qui
concerne les interrogatoires, on sait que les Anglais avaient peur d’avoir
laissé pénétrer des espions sur leur sol. Aussi, ces interrogatoires étaient
poussés afin de prendre en défaut ceux qu’ils questionnaient. Mais Henri, après
la guerre, fera un bref résumé de ses activités pendant la seconde guerre
mondiale. Le voici. Je soussigné LEDENT Henri, Hubert,
Sylvain, époux Piérard Olga, né à Vivegnis le
13-02-1913, agent de la Sûreté de l’Etat, de nationalité belge, domicilié à
Vivegnis, rue de Cheratte, 40, déclare résumer mon
activité durant la guerre 1940-45 comme suit : -
Soldat
milicien classe 34 au 3e Régiment du Génie, 1er
Bataillon, 1ère Compagnie -
Mobilisé
en 1939 au 8e Bataillon du Génie, 1ère Compagnie,
matricule 176.145.40 et fait la campagne des 18 jours, blessé à la Lys en
service commandé, jambe gauche ouverte par schrapnel,
jamais soigné parce que nous étions le 27 mai et le lendemain la Belgique
capitulait. Prisonnier jusqu’au 21-08-40 dans un bataillon belge de démineurs. -
Rentré
dans mon foyer, j’ai fait de la résistance individuelle jusqu’en février 1941.
Pendant cette période, j’ai accompli divers sabotages contre l’occupant. En
1941, je suis contacté par le Service Cleveland Clarence sous le n° 6344.
J’étais avec le groupe Clockers fusillé. D’autre
part, à la même époque, je commençai également avec les partisans armés dans le
groupe Hans, Rasquinet, Dehareng
et Grosjean, comme saboteur et actes de soi-disant terroriste. -
A
la suite de tous ces actes de résistance, les Allemands s’étaient mis à ma
recherche et je fus prévenu par des amis, entre autres Hans et Grosjean, à la
suite des recherches infructueuses de l’ennemi, ma tête fut mise à prix. Devant
cet état de choses, et pour échapper à la justice allemande, je fus conseillé
par un responsable de notre groupement d’essayer de rejoindre l’Angleterre aux
fins de donner une appréciation exacte (illisible, mais sans doute de la
situation dans notre pays) -
En
avril 1942, je me décidai de partir pour l’Angleterre. Ayant gagné ce pays en
un temps record, au mois de juin 1942, je prenais du service à Londres dans les
agents secrets parachutés en Belgique. -
En
mars 43, au cours d’un service commandé, je fus blessé gravement, amputation de
la main gauche et blessure sérieuse à la main droite. Cela m’a valu 1 an et
demi à l’hôpital et 2 interventions chirurgicales. A l’ouverture du second
front en 1944, à la suite d’un saut en parachute, je me fracturai le pied
gauche, je porte appareil. -
Lors
de l’avance Von Rundstedt, j’ai quitté l’hôpital pour accomplir une mission
derrière les lignes allemandes, et jusqu’en septembre 1945, je fus attaché au
Service de Rapatriement des prisonniers politiques jusqu’en zone russe. -
Je
joins au présent les attestations des groupements auxquels j’ai appartenu. -
Je
suis en possession de la carte SSA n° ‘illisible) au grade de ss-lieutenant. -
Reconnu
agent ARA (adjudant en date du 1.3.43) -
A
l’heure actuelle, je suis porteur des distinctions honorifiques
suivantes : Croix des évadés Démobilisé à Bruxelles du SSA le 1er
septembre 1945 et repassé à la Sûreté de l’Etat à Liège le 1 janvier 1945 où je
suis toujours occupé. Certifié
sincère et véritable |