Maison du Souvenir

Lens St Remy, dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale.

point  Accueil   -   point  Comment nous rendre visite   -   point  Intro   -   point  Le comité   -   point  Nos objectifs   -   point  Articles

point  Notre bibliothèque   -   point  M'écrire   -   point  Liens   -   point  Photos   -   point  Signer le Livre d'Or   -   point  Livre d'Or   -   point  Mises à jour   -   point  Statistiques

LENS ST REMY…
Dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale.



Addenda
à mon livre « Dans les pas de Montgomery. »

       « Lensois un jour, lensois toujours », telle pourrait être ma devise.

       Je constate que, plus j'avance en âge et plus je suis attaché à mon village natal. Mes aïeux ont partagé les mêmes sentiments A cet égard, je me rappelle avec émotion des vers significatifs d'un poème appris lorsque j'allais à l'école :

       « Pars, mais tu reviendras, ô mousse

       En disant comme tes aînés

       Qu'aucune terre n'est plus douce

       Que la terre où nous sommes nés. »

       Mon état d'esprit m'a incité à publier ce supplément me permettant ainsi de répondre au vœu de lecteurs intéressés par l'histoire locale contemporaine et en même temps, pour illustrer mon livre « Dans les pas de Montgomery » paru il y a quelques années déjà.

       Qu'on veuille bien excuser les omissions éventuelles dans les chapitres qui suivent, omissions dues à des recherches fastidieuses, parfois infructueuses… et souvent difficiles à réaliser.

       Sans être exhaustif, mon travail permettra, je pense, d'alimenter la mémoire collective.

       « Pour savoir qui on est, il faut savoir d’où on vient. »

La mobilisation de l'armée belge se déroule en quatre phases
de A à D.

       27-9-1939 : Paul-Henri Spaak déclare : « Notre armée magnifique est aujourd'hui le rempart de notre indépendance… »

       Des soldats mobilisés au corps des transports séjournent à Lens en 1939.



       Un symbole… les extrêmes s'attirent… le boxeur professionnel carolingien Pierre Charled et son ami Havet cantonnés chez Lambert Chanet, rue de Moxhe.

Le désastre de 1940.

       Vendredi 10 mai 1940 : c'est la guerre !

       Les troupes allemandes envahissent le Grand Duché de Luxembourg, la Belgique et la Hollande. Mercredi 15 mai : l'armée hollandaise capitule. Mardi 28 mai : à son tour, la Belgique dépose les armes. Après la débâcle, les réalités sont là ; il y a des morts, des blessés, des prisonniers…  « Nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert. »

La campagne des dix-huit jours.



       Mort pour la Patrie, Maurice Withofs, soldat au 42ème de ligne, originaire d'Avernas, tombé à Meulebeke près de Tielt le lundi 27 mai 1940.

Blessés grièvement au cours de la campagne des dix-huit jours.



       Gabriel Choisis. Sur la Lys, Gabriel est gravement blessé, atteint par une balle à la tête. Il survivra en suivant un régime très strict.



Raymond Volon, au centre sur la photo. Blessé grièvement par bombe.



       Victor Volon, le frère cadet de Raymond (photo c:i.-contre) Sergent-aviateur en 1940, il est horriblement brûlé dans son avion le 10 mai à 4 h 30 au terrain d'aviation de Neerwinden Neerhespen. Pendant l'occupation, il devra se présenter une fois par mois à la feldgendarmerie de Waremme. A la fin, un coup de téléphone suffira.

Soldats belges tombés à Lens…

       Dimanche 12 mai, entre 7 et 8 heures, route de Huy :
Robert Brusselaers de Schaerbeek,
Francis Ceulemans de Berlaar.

Victimes civiles.

       Le dimanche 12 mai, vers 8 heures, route de Huy.
Joseph Callemont de Liège.
Alphonse Roosen de Horion-Hozémont.
Marie Camal de Herstal.
Joseph Piron de Herve.

Soldats allemands…

       … Fauchés par l'artillerie française qui a pris position sur la rive droite de la Méhaigne ou mitraillés par un avion français qui sera abattu entre Blehen et Poucet, le cockpit enfoncé au milieu de la prairie Masson. L'épave de l'avion restera longtemps sur place, sans doute considéré par l'ennemi comme trophée de guerre.

       … Inhumés provisoirement à Lens : deux tombes devant le parvis de l'église, le long de la prairie Defosse, deux tombes dans la cour de la ferme Bourmanne, au lieu-dit « La Croix », une tombe à l'arrêt du vicinal « Lens St Remy, station », devant la ferme Royer, deux tombes dans les campagnes.

       Ouvrons une parenthèse au sujet des pertes ennemies sur le territoire de la commune. D'aucuns ont prétendu que le 12 mai, un side-car français venant de Blehen est tombé face à face avec l'ennemi aux environs de la ferme Royer, près du vicinal. L'adversaire veut utiliser une arme mais un des occupants du side-car est plus prompt ; il lance un projectile et abat l'allemand.

Les combats des 12 et 13 mai 1940.

       Les forces en présence.

       Du côté allié :

       Dès la violation de la frontière belge, le 10 mai au matin, la France et l'Angleterre qui se sont portées garantes de la neutralité belge répondent à l'appel à l’aide lancé par le gouvernement, de Bruxelles et portent leurs forces armées à la rencontre de l’envahisseur. C'est ainsi que la 1ère Armée française du général Blanchard comprenant neuf divisions soit environ 130.000 hommes doit venir occuper le secteur Wavre – Gembloux – Namur (position dite KW).

       Le gros de la 1ère Armée est précédé par le Corps de Cavalerie (2e et 3e DLM) du général Prioux qui doit s'avancer jusqu'à hauteur de la Petite Gatte et de la Méhaigne, sur l'alignement général. Tirlemont – Hannut – Huy pour couvrir le mouvement et la prise de position de la 1ère Armée. En d'autres termes, le Corps de Cavalerie doit empêcher les unités allemandes de prendre contact avec la position de défense Wavre – Gembloux – Namur avant le 14 mai à 6 heures du matin.

       Du côté allemand :

       Le 10 mai à l'aube, les parachutistes s'emparent des ponts de Vroenhoven et de Veldwezelt sur le (canal Albert et neutralisent le fort d'Eben-Emael). 

       Dans la nuit du 10 au 11 mai, le génie construit un pont sur la Meuse à Maastricht. Le 11 au matin, la 4e division « Panzer » (324 chars) fonce sur l'axe Maëstricht – Tongres – Waremme et le 12, dans la matinée, elle se heurte au Corps de Cavalerie autour de Hannut.

       Dans la nuit du 12 au 13 mai, la 3e division « Panzer » (324 chars se trouve entre Waremme et Hannut et se prépare à joindre son action à celle de la 4e division.

       Le décor est planté. Les acteurs sont en place. L'attaque des deux divisions allemandes démarre en fin de matinée le 13 mai. C'est au cours des combats dans la région Hannut –Jodoigne – Perwez qu'eurent lieu, le fait mérite d'être signalé, les premiers engagements-char contre char- de la deuxième guerre mondiale.

Le plan des lieux.



Prisonniers de guerre Lensois.

       Selon le journal « La Légia » du 8.6.1940, tous les Belges seront libérés. C'est une question de temps.



Léon Catoul Stalag 1A.



Camille Thonet (à gauche sur la photo).



Jean Deprez, stalag XIB. Libéré, rencontre à Celle (Allemagne) des soldats de mon unité (14th belgian pioneer coy) le 19.4.45. Rapatrié le 29.4.45.



Joseph Hamande debout au 2e rang, premier à gauche.



Emile Wilmotte. Stalag 17, commando 167,



Sur la photo, à droite, Jules Eisein, au centre Emile Hilmotte, à gauche, un tourinnois.



Joseph Lime, au centre.



Maurice Paquot.



Jean-Baptiste Laruelle.



Au travail.



Noël en captivité.



Alfred Salmon. Au début de sa captivité.



Après… vêtu à la française, pantalon et bandes molletières.



Marcel Salmon, à gauche. Firmin Salmon, à droite.



Marcel Salmon, à gauche. Firmin Salmon, au milieu. Un autre PG à droite.




Louis Larock, stalag VIII A, 4ème sur la photo (de gauche à droite).




Emile Mincier, 3ème sur la photo (de gauche à droite).




Commando belge affecté à la construction d'un pont en Allemagne. Emile Mincier se trouve vers le milieu.



Jules Lisein.



Jean Bossy.



Auguste Bella caporal, libéré après deux ans de captivité.



Albert Lambert, sergent, stalag XI A.



Albert Paquot. Profession déclarée en Allemagne : « bauer ». Berger…  photographié devant un troupeau de moutons.



La vache et le prisonnier.



La ferme où le lensois était occupé.




Joseph Delvaux (à droite sur la 2e photo). Le plus jeune captif lensois. Coureur cycliste avant-guerre.



… Et le plus âgé, Joseph Melin. Footballeur talentueux, affilié à l'Union lensoise, sa réputation à largement dépassé les limites de la commune.



Guillaume Bourmanne.
Avant-guerre, domicilié à Lens St Remy, rue F. Dormal. A la déclaration de guerre, il est domicilié à Gesves. Stalag XIII C. Rapatrié le 5 mai 1944 par train sanitaire.




Joseph Lismonde, mars 1942.



Clovis Bernard



Armand Joassin, au premier rang sur la photo, 1er à gauche. Il est le premier PG lensois à rentrer de captivité le dimanche 15 avril 1945.

       Le dernier sera Jules Bourmanne qui arrive à son domicile le  mardi 3 juillet 45.

       Autres PG lensois : Joseph Docquier, Emile Dormal, Georges Dubois, Paul Guillaume, Auguste Helia (rue du cimetière), Emile Hendrix, Auguste Laruelle, Emile Laruelle, René Latinue, Paul Salmon, Camille Streel, Fernand Uyttiebroeck.



Paul Bataille

       Instituteur à Lens. Président d'Honneur de la section locale de la F.N.C. Cheville ouvrière du comité du « Colis du prisonnier ».

       Il est secondé par Marcel Gilis et Joseph Rader, deux anciens combattants de 14-18 et aidé par les employés communaux et par les « grands » de l'école communale.



Un prisonnier pas comme les autres !!

       Georges Hella est mobilisé civil comme agent des postes. Il doit se rendre initialement à Mouscron.

       De là, il est envoyé en France.

       Il doit alors effectué un périple invraisemblable ; II arrive à Arras puis a Douai. Capturé par les allemands, il est acheminé à Cambral.

       Il est ensuite expédié au stalag XVII B à Gneixendorf', au Tyrol. Il rentre au pays après trois mois de captivité pour exercer son métier de facteur des postes.

Lensois ayant participé a la campagne des dix-huit jours et qui sont rentrés dans leur foyer en 1940.



Emile Renson, originaire d'Avernas.



Emile Larock,
affecté aux troupes de santé ; s'est replié en France. (A droite sur la photo.)




Herny Larock. A droite, sur la petite photo.
Coureur-cycliste avant-guerre. Remporta quelques succès dans les catégories « juniors » et « tous coureurs ».



Robert Delvaux, au centre.



Fernand Hella.



Joseph Milquet « 1er lanciers »



Roger Goessens. Régiment des « cyclistes – frontière »  (A gauche sur la photo)



Joseph Wilmotte.

       Participe à la campagne des dix-huit jours. Pendant l'occupation, il héberge le nommé François Schyns de Gemmenich qui, normalement comme les jeunes gens des pays rédimés, doit entrer au service de la Wehrmacht.



François Uyttebroeck.

       Autres lensois ayant participé à la campagne des dix-huit jours ; Albert Bourmanne, Fernand Bourmanne, Joseph Bolline, Joseph Cambron, Paul Cambron, Albert Courbois, Nicolas Courbois, Ernest Delchambre, Marcel Delleuze, Emile Delleuze, Alfred Désiron, François Dethier, Alfred Docquier, Jean Docquier, E:mile Gabriel, Emile Gillis, Lucien Goffart, Fernand Hella, René Hella, Alfred Laruelle, René Libon, Auguste Malcorps, Jean Pirard, Charles Renson, Fernand et Prosper Rock, Albert Vandormael, Paul Volon, Auguste Gustin. (Sauf erreur ou omission).

Jeunes recrues de la classe 40.

       Appelés au service militaire début 1940.

       Dès le déclenchement des hostilités, ils sont acheminés par étapes vers le midi de la France. Certains séjourneront à Argelès sur Mer près de Perpignan.



Joseph Royer, debout, premier à gauche sur la photo.



Fernand Parent, debout, premier à droite sur la photo.



Jean-Baptiste Chanet

C.R.A.B.

       Jeunes lensois ayant répondu à l'appel du gouvernement les enjoignant de rejoindre un des centres de recrutement de l'armée belge.

       Le groupe le plus important séjourne à La Salvetat (Hérault)



Sur la photo, debout, de gauche à droite : Justin Gilis, Emile Roder, Georges Malcorps, Jean Cambron, Albert Bataille et un réfugié belge inconnu. Accroupis, de gauche. à droite : Marcel Paquot, Marcel Heine, Paul Bataille, Fernand Masset et un réfugié inconnu. Ont également séjourné à La Salvetat : Fernand Malcorps, Fernand Siane et Jules Uyttebroeck,

XVIème C. R. A. B.- Camp d'Agde.

       De tous Les cantonnements du Midi de la France, celui d'Agde s'est révélé le plus pénible à endurer.
« La seule différence entre Buchenwald et Agde, c’est que les internés d’Agde ne portaient pas l'uniforme des bagnards »
« Jean Pierre Du Ry dans son livre « Allons enfants de la Belgique. »

Ont séjournés à Agde :



Marcel Bully.



Georges Musique.



René Parent.



Léon Delvaux.

       Dans les Flandres, Freddy Delvaux, originaire de Lens et un bruxellois se joignent à notre groupe.

       Nicolas Laruelle et Adolphe Delchambre ont vécu à Lieurans-lez-Béziers. Adolphe et Nicolas rencontrent à la gare de Bordeaux les Lensois du camp d'Agde qui rentrent au pays.

       D’autres lensois sont partis à l'aventure…

       Alfred et Victor Bully ont quitté leur domicile ensemble. A Rouen, ils sont embarqués dans un train à destination du Midi. Arrivés à Narbonne, les deux frères sont séparés. Victor, l'ainé, pourrait être appelé très rapidement au service militaire. Il séjournera à Bourdic (Gard) tandis qu'Alfred restera dans les environs de Narbonne pour y travailler.

       Le pharmacien Hanson a été aperçu par un pays alors qu'il déambulait aux abords de la caserne Tallendier à Rouen.

       Les frères Lambrechts sont arrivés dans le Midi. Jérôme se trouve à Bergerac (Charente-Maritime), Léon à Tarbes (Hautes Pyrénées).



Jérôme Lambrechts

 

La cinquième colonne

       Contrôle des identités par des militaires français, même contrô1e par la gendarmerie belge.

       La raison, des agents à la solde de l'ennemi se faufilent parmi les réfugiés et la psychose de l'espionnite apparaît. On croit apercevoir des espions partout… des curés, des bonnes sœurs et d'autres…

       D'où vient l'expression 5ème colonne ?

       Lorsqu’en 1938, pendant la guerre d'Espagne, le général Emilio Mola forma quatre colonnes de troupes Franquistes pour s’emparer de Madrid, il déclara à la radio que la 5ème colonne se trouvait déjà à l'intérieur de la ville. C'est ainsi que naquit l'expression « cinquième colonne » pour désigner les partisans de l'ennemi dans leur propre pays.

Des retours au foyer

       Mai-juin 1940 : des militaires lensois ayant participé à la campagne des dix-huit jours rentrent à leur domicile. La plupart d'entre eux ont revêtu un costume civil. Comment ont-ils agi ? Ils ont quitté les colonnes de prisonniers en trompant la vigilance de leurs gardiens ou, plus simplement, ils rentrent sans avoir été inquiétés en chemin. Par contre, d'autres militaires ont été contraints de respecter scrupuleusement les ordres donnés par les vainqueurs. Les malheureux ont été leurrés ; ils ont cheminé des journées entières dans l'espoir d'obtenir un hypothétique « cachet » qui leur permettrait de rentrer à leur foyer en toute quiétude. Au lieu de cela, ils seront embarqués, dans des wagons à bestiaux, à destination de l'Allemagne.

       Fin juillet-aôut 40 : les recrues de la classe 40 et les jeunes gens qui ont répondu à l'appel du gouvernement rentrent au pays après avoir séjourné dans le Midi de la France dans des conditions difficiles.

       Comment retrouve-t-on le village après la bataille ? Intact ou presque. Il y a cependant quelques tombes de soldats allemands qui rappellent les combats des 12 et 13 mai 40.[1] A la périphérie de la commune, l'épave presque intacte du chasseur français, abattu entre Blehen et Poucet, restera longtemps en place, un trophée de guerre desservant la propagande ennemie.

       A Villers-le-Peuplier, en face de la maison Fissette, route de Huy, s'entasse pêle-mêle, dans une prairie d'un hectare, le matériel abandonné au cours de la campagne et récupéré : armes, motos, chars, chenillettes, chariots, voitures et camions civils et militaires.

       Quelques dégâts peu importants relevés après la libération Automne 1944 : un V 1 (avion sans pilote) tombe au lieudit « El May », entre Lens et Avennes. Il y a quelques carreaux cassés dans les maisons les plus proches du point d'impact. Au printemps 45, un V 2 (missile) tombe entre Blehen et Lens, dans « l'entre deux villes ». Dégâts : tuiles et carreaux cassé.

Déportés et réfractaires.

       Le service du travail obligatoire en Allemagne a été instauré en octobre 1942.  La plupart des jeunes gens astreints au travail obligatoire sont devenus réfractaires après avoir obtenu un congé…



Joseph Bricman.



Robert Delvaux. Obtient un congé, étant convoqué à la Werbestelle alors qu'il se trouve déjà en Allemagne.



Nicolas Laruelle, en Allemagne.



Jean Courbois.



Victor Bully.



Jean Thirion.



Fernand Parent, Berlin le 15-05-1943. Obtient un prolongement de congé pour cause de maladie… fausses pièces à l'appui.



Achille Fontaine. Participe à la campagne des dix-huit jours au régiment des chasseurs ardennais. Fin1942, il est astreint au S.T.O.

       Autres déportés et réfractaires : Maurice Bousmanne, Fernand Bricman, Paul Delvaux, Jean Laruelle, Charles Libert.

Lensois arrêtés par l’occupant.



Jean Cambron. Membre de l’A.S. Présumé décède à Nordhausen (Allemagne) le 3 avril 1942.



Nicolas Guillaume et son épouse. Secrétaire communal avant-guerre. Il héberge Pierre Lenaerts de Seraing qui est recherché par l'occupant. Nico1as Guillaume est incarcéré deux semaines à la prison de St Léonard à Liège.



Sylvain Debroux. Le réfractaire Léon Duchesne se cache au domicile de Sylvain, rue du Grand Marais. Sylvain est arrêté. Il sera incarcéré trois semaines à la prison de St Léonard à Liège.



Emile Rôder. A Pâques 1943, le lensois est pris dans une rafle à la gare de Liège Guillemins alors qu'il revient après avoir disputé un match de football avec l'équipe du F.C. Hannutois. Il est incarcéré une dizaine de jours à la Citadelle à Liège.

Arrêtés et incarcérés au Fort de Huy…

       Le bourgmestre Raymond Lambrechts et son fils Léon en même temps que Théo et Georges Musique du 4-3 au 19-3-44.



Le bourgmestre Raymond Lambrechts.



Léon Lambrechts.

       1943 et 1944 ont été, pendant l'occupation, les années les plus difficiles à vivre,

        Cependant fin 1942 déjà, un agriculteur lensois est incarcéré quelques jours pour livraison insuffisante de viande.



Le curé Léopold Dubois.

       Aumônier militaire en 1914-1918, le curé Dubois est un patriote qui ne cache pas ses sentiments. En chaire de vérité, il conseille à ses paroissiens de ne plus lire les journaux censurés remplis de mensonges. Une de ses ouailles, vexées par les propos du prêtre, sort de l’église en claquant la porte.

Ils l’ont échappé belle…

       Des compatriotes recherchés par l'ennemi ont trouvé refuge chez des lensois qui, en les hébergeant, ont risqué leur vie…

       Le commissaire de police adjoint Henri De Schrÿver, originaire de la région bruxelloise, est condamné à mort par contumace. Il séjourne longtemps à la ferme Bourmanne, place de la croix.

       Le nivellois Delestine est hébergé à la ferme exploitée par Armand Defosse.

       Inscrit sous un faux nom au registre de la population de la commune (avis de changement de résidence truqué à l'appui), et excellent footballeur de surcroit, il lui arrive, lorsqu'il a le cafard, de rejoindre les joueurs de l'équipe locale au terrain situé route de Huy, à côté de la maison Hanson (propriétaire : Joseph Royer). Il faut dire qu'à partir de la saison 1942-1943 (le travail obligatoire étant instauré depuis octobre 42), les entrainements se déroulent toujours sur la moitié du terrain la plus éloignée de la grand' route.

       On en devine la raison…

       Hélas ! Suite à une dénonciation ou à des bavardages intempestifs, le nommé Delestine devra quitter son refuge pour vivre en reclus chez Germaine Wilmotte, rue chapelle Rahier.

       Lorsque le 3e Reich prend la décision d'annexer les p:ays rédimés (cantons d'Eupen, de Malmedy et de St Vith), les jeunes gens de l'endroit sont astreint à servir dans la Wehrmacht.

       Voulant tempérer cette décision arbitraire, la résistance contacte des agriculteurs lensois.

       Des déserteurs de Gemmenich séjournent à Lens :

       François Schyns chez Joseph Wilmotte, rue de Moxhe (actuellement rue du centenaire).

       François Kisterman chez Jean Hamande, rue Ferdinand Dormal.

La libération.

       Lens St Remy est libéré le 7 septembre 1944 par la 1ère armée américaine.

       A la mi-septembre, un hôpital de campagne est monté en un temps record entre Lens et Avennes, au milieu d'un champ immense appartenant à Joseph Royer.

       Le 26 septembre, le camp est démonté et transféré à l'Est. Peu de temps après, des prisonniers italiens séjournent à Lens, sous tente, dans une prairie marécageuse, située, rue Emile Böder et appartenant au fermier Armand Defosse. Des services sont installés dans la salle du café exploité par Auguste Hella.

       Des « US » de couleur campent également dans la prairie Lambrechts rue de la croix.

Après la libération, pour approvisionner les armées alliées, des munitions sont entreposées dans les campagnes, le long des routes d'Avennes, de Lens St Servais et de Huy. Le charroi des munitions est effectué à vive allure par des « blacks » US tandis que les opérations de chargement et de déchargement sont exécutées par des prisonniers allemands séjournant à Hannut.

       Le pays est libéré mais la guerre continue et le gouvernement fait appel aux volontaires, puis il appelle les miliciens…

Volontaires de guerre.



Joseph Royer.

       Joseph, fermier à Lens, a souscrit un engagement ; il est appelé à rejoindre la brigade Piron. D'abord affecté au déminage sur la côte belge, il est ensuite envoyé en Hollande puis en Allemagne.

       Autres volontaires : Auguste Doguet et Raymond Masson. Ils seront attachés à une brigade d'infanterie dépendant de l'armée américaine.

Appelés sous les armes en janvier 1945.




Georges Musique.



René Parent.



René Parent, ici de sortie à Liège, en janvier 1946, accompagné de Jean Deprez.

       Autres lensois appelés : Léon Delvaux, Marcel Pirard et Eugène Pirard. Ce dernier sera démobilisé après quelques jours.

Miliciens de la classe 1941



Victor Bully.

       Déporté en Allemagne, Victor rentre à son domicile en mai 1945. Après un court répit à la maison, il est appelé au service militaire en septembre 1945.

       Les autres miliciens de la classe 41 : Frédéric Dubois, Marcel Paquot… sont embrigadés le 5 mai 45.

       Le 8 mai 45, la guerre finit en Europe, l’Allemagne nazie a capitulé.

« Pro Patria semper »
« Pour la Patrie toujours »

       La devise de Colbert appelle un commentaire.

       Au sens strict et noble du terme, la Patrie est constituée d'une communauté d'individus vivant sur un même sol et qui sont unis en vertu d'un attachement culturel,

       La patrie, c'est la terre qui nous a vu naître et grandir. C'est la maison qui nous a abrités. C'est l'école qui nous a accueillis dès notre tendre enfance et où l'instituteur nous a appris les grands principes de la morale.

       C'est pour d'autres raisons, l'église du village et la place communale, bordée de tilleuls, où nous organisions nos jeux d'enfants. C'est aussi cette région que nous avons sillonnée et où nous avons passé notre jeunesse. Ce sont enfin les paysages familiers qui nous marqueront toute la vie.

       A cette notion généralement admise, on peut insinuer cependant que le patriotisme exclusif qui n'est que l'égoïsme des peuples n’a pas de moins fatales conséquences que l'égoïsme individuel.

       On peut conclure : à la patrie, il faut préférer l'humanité. Autre réflexion, les lensois cités plus haut ne furent pas tous des héros, loin s'en faut.

       D’ailleurs, selon Montaigne, il n'y a pas de héros… Il n’y a que des hommes qui tiennent bon, avec peur et humilité, avec honneur aussi, parce qu'ils sont ainsi faits ou parce qu'ils sont commandés et qu'ils ne peuvent agir autrement.

       « Ceux qui portent en eux quelque chose de grand ne doivent pas l'attacher à leur personne. » Au contraire. Qu'est-ce qu'une personne ? Un nom, des besoins, des manies, des ridicules, des absences; quelqu'un qui se mouche, qui tousse, qui ronfle, un objet de femmes, une victime du chaud et du froid, un objet d'envie, d'antipathie, de haine et de railleries ». Je cite Paul Valéry.

       Après ces considérations d’ordre philosophique, il y a lieu de retomber les pieds sur terre pour s’apitoyer sur le sort de ceux qui ont connu la misère, la souffrance et aussi la mort.

       Ne dit-on pas « Plutôt mourir de franche volonté, que du pays perdre la liberté. »  

       Si cette assertion est acceptable, il convient d’admettre cependant qu'il y eut parfois, en temps de guerre, des règlements de comptes, des morts inutiles, injustifiées, incompréhensibles…

       Bien que d’un naturel franc et spontané, j'ai hésité longtemps avant de relater un fait divers tragique qui eut lieu à Lens, route de Huy en 1943, et qui a suscité une vive émotion au village.

   Dans une petite ferme vivait un ménage original composé de trois célibataires d'un certain âge, Pierre, Emile et Elise Guillaume.

       Emile peut être qualifié de marginal. Je m'en explique. Lorsque les contrôleurs du ravitaillement se présentent à la ferme, invoquant immédiatement la raison de leur visite – insuffisance de livraison de céréales panifiables -, Emile leur dit à brûle-pourpoint : « Moi, je veux la justice… Il y a quatre porcs dans une étable qui ne sont pas déclarés… »

       Quant à Pierre, il va disparaître de manière tragique.

       Selon les rumeurs qui ont circulé au village et confirmées par le journal de l'époque « La Légia », des bandits (peut-être des membres de l'armée blanche ?) seraient venus à la ferme afin de réquisitionner un vélo.

       Qu'à cela ne tienne, les fermiers ont de quoi se défendre. Une fourche à long manche se trouve en permanence... dans un coin du vestibule afin de parer à toute éventualité…

       Lorsque Pierre ouvre la porte d'entrée, le drame se produit. Pierre embroche un « terroriste » et la riposte est immédiate.

       Le fermier est abattu sur le seuil de sa maison…

       Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, fort heureusement.

       J’écrivais que, sous l'occupation, les jours étaient souvent vides, interminables, des jours sans histoires. J’ajouterais : « On s'ennuie éperdument quand on a vingt ans sous l’occupation. Pour p:asser le temps, on joue comme des gosses, on court, on tape sur un ballon. Puis, on y prend goût. C'est ainsi que naissent des clubs de football… » 

       Le même phénomène s'est déjà produit au cours de la première guerre mondiale.

       Il y eut à Lens pendant la guerre 1914-1918, deux clubs de football : la « Foudroyante » créée en 1915 et le « Standard » en 1916.

       Après le premier conflit mondial, le goût, du sport se développa et l'« Union lensoise » naquit en 1921. L.'appellation « union » laisse supposer qu'il y a eu fusion des deux clubs amateurs qui évoluaient auparavant.

       Couleurs du club : rouge et vert. Des « chandails » aux couleurs du club sont offerts par quelques supporters – à l'époque, - le sponsoring : n'existe pas. La jeunesse lensoise; héritera de ces survêtements inusables.

       Local : Café Auguste Deprez, rue du grand, marais.

       Terrain : Route de Lens St Servais.

       L'union lensoise abandonnera la compétition en 1933.

       Quelques joueurs ayant évolué au temps de l’« Union lensoise » Georges Catoul, Adolphe Delchambre, Jean Delchambre, Eugène Delvaux, Jean Deprez, Maurice Fallais, Zénon Fallais, Armand Fumal, Victor Happart, Joseph Hougardy, Charles Leruth, Cyrille Manette, Joseph Melin et son frère Théophile, Pierre Parent, Auguste Rock et ses frères Fernand et Prosper, Alfred Salmon, Auguste Salmon, Edgond Streel, Marcel Vincent, Auguste Wilmotte et son frère Joseph.

       Mai 1941, une réunion au café Hella-Deprez aboutit à la création d'un club de football dénommé « Jeunesse lensoise F.C. » Couleurs du club : rouge et vert. Local : café Auguste Hella-Deprez, rue Emile Roder.

       Le club évoluera sur différents terrains.

       1) D'abord, route de Lens St Servais.
2) Rue Emile Röder, à côté de chez Raymond Laruelle.
3) Route de Huy, à côté de la maison Hanson.
4) Après-guerre, terrain situé le long de la ligne du vicinal, entre les arrêts Station et Village.

       La « Jeunesse lensoise » cessera toute activité en 1963.

       Saison 1942-1943. Tour final entre les équipes de Burdinne, Fexhe le Haut Clocher, St georges et Jeunesse lensoise et montée en division II provinciale.



Debout : de gauche à droite, Auguste Hella (délégué), Julien Vandormael, Joseph Royer, Jean Laforge ? Jean Pirard, Jean Pipeleer, Victor Siane.

Accroupis : de gauche à droite, René Parent, Nicolas Royer, Eugène Delvaux, Jean Deprez, Paul Bully.

Quelques années plus tard…



Debout : de gauche à droite, Raoul Bully, Jean Deprez, André Bolly, Louis Kunsch, Henri Bataille, François Bousmanne, Gabriel Choisis (délégué).
Accroupis : de gauche à droite, Jean Bailly, Arthur Volon, Achille Volon, Marcel Jeanpierre, Paul Delleur.



Debout : de gauche à droite, Auguste Hella (délégué), Philippe Chanet, Paul Delleur, Philippe Delvaux, Achille Volon, Arthur Volon, Georges Delvaux.
Accroupis : de gau.che à droite: Auguste Deprez, Fulbert Verlaine, François Bousmanne, Henri Battaille, Julien Jérôme.



Debout : de gauche à droite, Achille Volon (délégué), Philippe Chanet, Philippe Delvaux, Georges Delvaux, Pierre Bolen ? Paul Delleur, Julien Jérôme.
Accroupis : de gauche à droite, Auguste Deprez, Victor Renwart, Henri Bataille, le tilleurien Maes, Léon Guillaume.



Avant l'effort, les joueurs se relaxent sous les yeux admiratifs de fervents supporters.
De dos, Victor Renwart.
Les autres joueurs, Joseph Gustin, Léon Guillaume, Henri Bataille, Georges Delvaux, Louis Kunsch.
Supporters : A l'avant-plan, Joseph Laruelle.
A l'arrière plan Paul Cambron.

Et maintenant…

       Lens St Remy possède encore un club de football, dénommé « Patro Lensois ».

       Le club fut créé en 1970 à l'instigation de quelques mordus de football, des anciens de la « Jeunesse Lensoise » (Alfred Désiront, Jean Catoul, Jean Deprez, Fernand Parent… et probablement d'autres encore.) Au moment où je termine ces lignes, le club évolue péniblement en deuxième provinciale .Il vient néanmoins d'effectuer un redressement spectaculaire qui paraissait bien nécessaire à son maintien.

Remerciements…

       A ceux qui ont bien voulu me prêter des documents et aussi des photos de l’époque si tragique de la 2ème guerre mondiale. Mon travail est bien sûr incomplet mais il permettra cependant aux Lensois de ma génération de se remémorer les événements qu'ils ont vécus. Aux autres, plus jeunes, il servira, je pense, a leur donner une idée de ce qui fut enduré par leurs aînés.

                                                                                                                Décembre 1997.

                                                                                                                    René Parent

 

 

 

 



[1] Suivant les instructions de « Wehrmacht Graberoffizier », les tombes allemandes doivent être entourées d'une clôture en bois d'environ 50 cm de hauteur.



© Maison du Souvenir. Tout droit réservé. ©